Insécurité : la cote d'alerte ?

Le corps du Pr Guillaume Pambou Tchivounda, retrouvé à son domicile d'Owendo, le 5 janvier 2023, et ceux de deux femmes découverts en l'espace de deux jours à Libreville et Bitam. Un ressortissant sénégalais assassiné puis jeté non loin de sa boutique, en début de semaine dernière, à Acaé.

Autant de faits auxquels s'ajoutent les écarts de conduite de certains éléments des Forces de défense et de sécurité, susceptibles d'installer un climat de peur, aussi bien chez les Gabonais que chez les populations allogènes contre lesquels il va falloir lutter.

 

L'INSÉCURITÉ. On n'en parlera jamais assez dans notre pays. Depuis un certain temps sur les réseaux sociaux, plusieurs disparitions sont signalées, aussi bien à Libreville que dans l'hinterland. Des disparitions qui débouchent assez souvent sur la mort des personnes recherchées. Une situation qui amène à s'interroger en ces termes : a-t-on atteint la cote d'alerte en matière d'insécurité au Gabon ?

En effet, dans la journée du 5 janvier 2023, le corps du Pr Guillaume Pambou Tchivounda, enseignant émérite de droit public, a été découvert à son domicile d'Owendo. D'après les premiers éléments du constat d'usage, la dépouille en état de décomposition avancée présentait des traces de violence.

Le 16 janvier 2023 à Libreville, c'est celui d'une jeune femme, Bonnie Leslie Mawanga, portée disparue la veille qui est retrouvé sur la plage d'Acaé. Qu'est-ce qui a bien pu se passer, pour que la victime, âgée d'une trentaine d'années, reconnue pourtant dans sa famille et son entourage comme une fille calme, rangée, responsable et sérieuse, trouve la mort dans de telles conditions loin de son domicile de Nialy ?

Une source proche de la famille relate que dans la journée de dimanche, la jeune femme, fiancée et mère de trois enfants, dont le dernier est âgé d'à peine six mois, décide de sortir et de laisser le nourrisson avec sa petite sœur. Elle confie également à cette dernière son téléphone portable. Tard dans la nuit, n'étant pas rentrée, la mère de Bonnie Leslie Mawanga commence à s'inquiéter, et alerte aussitôt le reste de la famille. Surtout que ce n'est pas dans les habitudes de sa fille de rester longtemps dehors. Aussi des recherches sont-elles engagées.

Malheureusement, c'est une mauvaise nouvelle qui parvient à la famille de cette dernière : le lundi 16 janvier, on leur annonce la découverte du corps de leur enfant à la plage d'Acaé. Et de la mise à disposition de celui-ci auprès d'une maison de pompes funèbres. À Bitam, le chef-lieu de la province du Woleu-Ntem, c'est le corps sans vie de Chadriana Andeme Obame qui est retrouvé au quartier TP, à la hauteur de la rivière Mongomo.

De sources judiciaires proches du dossier, l'attention d'une dame a été attirée par une forte odeur pestilentielle provenant d'un gros sac de voyage. Le contenu de celui-ci va aussitôt faire tomber des nues les riverains des TP et, partant, les habitants de la ville des Trois-Frontières. D'autant qu'il s'agit du corps dénudé d'une jeune fille. Parmi les autres détails en possession des Officiers de police judiciaire (OPJ), il y a des préservatifs.

Toute chose qui laisse penser à des rapports sexuels forcés ou consentis peu de temps avant sa mort. Selon une source proche de la famille, Chadriana Andeme Obame, affectueusement appelée "Chacha", était élève en classe de seconde au Lycée de l'Excellence de Bitam. Elle aussi était portée disparue depuis le 24 décembre 2022.

Aussi, cette triste fin de la jeune fille originaire du village Mekome-Essandone vient-elle installer un climat de terreur à Bitam et ses environs. À ces découvertes macabres s'ajoute celle, le mercredi 11 janvier 2023, encore à Acaé d'un boutiquier identifié comme Amadou Diop, le corps lardé de coups de couteau. La dépouille du Sénégalais a été abandonnée en face d'une poubelle jouxtant l'Université africaine des sciences (UAS). Et ces dernières heures, c’est le corps d’une femme qui a été retrouvé ligoté et dissimulé sous son lit. Elle vivait seule.

Au regard de ce qui précède, il est clair que les cas d'insécurité vont croissant dans le pays. Au point que l'on ne compte plus une semaine sans que de paisibles citoyens ne se fassent agresser ou, plus grave, tuer. Les auteurs de la plupart de ces crimes courent toujours et les populations ont l'impression d'être abandonnées à elles-mêmes. D'où la nécessité pour les pouvoirs publics d'agir vite pour que la peur change de camp.

Abel EYEGHE EKORE

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