Malades mentaux : comme s’il en pleuvait !

LA, un malade mental déambulant dans les rues, sa nudité exposée aux regards de tous. Plus loin, un autre brandissant une barre de fer. Plus en avant, un autre encore très agité, crie à tue-tête. La première impression est qu’il n’y a pas un coin de la capitale qui ne revendique son fou. L’autre est qu’ils semblent de plus en plus nombreux. Pourquoi autant de personnes déséquilibrées dans les rues ? Quelles solutions "miracles" pour venir, enfin, à bout de cet état de fait ?

DANS les PK, une malade mentale marche le long de la rue, se balançant dans tous les sens. Son linge est encore propre, ses cheveux aussi. Elle porte un soutif noir sur une jupe à rayures. Personne ne s'émeut de sa présence et nul ne sait rien de cette anonyme. "Pourtant elle est encore récupérable", commente un passant, l’air de se lamenter sur son sort. Comment en est-elle arrivée-là ? Difficile de le savoir. Alors elle erre sans but. Peut-être se laisse-t-elle porter par le vent ou le mouvement des foules. Entre le ministère des Eaux et Forêts et l'annexe de celui de l'Économie, un autre, un jean usagé sur sa nudité, semble se rafraîchir, si on en croit du moins l'eau qu'il puise dans une mare à l'aide d'une bouteille et qu'il se verse dessus.

Il en prend de temps en temps pour se désaltérer aussi. Personne ne se préoccupe de lui, si oui pour s'en éloigner de peur d'être attaqué car on ne sait s'il est violent ou non. A-t-il de la famille ? Depuis quand erre-t-il ainsi ? Plus haut à l'agence bancaire UBA face au supermarché Casino, un autre tente d'ouvrir des portières de voitures des agents garés le long de la chaussée. Certains le prennent même au départ pour un voleur. Mais son air hagard et sa gestuelle désordonnée, penchent en faveur de quelqu'un qui n'a pas toute sa tête. Il a raté de peu de se faire molester. Il déambule dans les rues ainsi sans but. De temps en temps, selon ceux qui le connaissent, il demande une pièce d'argent. Assurément pour se nourrir. Derrière le supermarché Casino, une autre malade se livre à des activités de propreté en criant des choses dont elle seule maîtrise le sens et assurément la portée.

Comme certains autres de ses ''collègues'', il y a longtemps qu'elle a élu domicile en ce lieu sans que ni sa famille, ni l'État ne se préoccupent de son sort. Plus loin, au quartier "Derrière la pédiatrie", un autre ''fou'', soutenant d'une main ce qui reste de son caleçon, est en plein marathon sous un soleil ardent. Et ils sont ainsi plus nombreux chaque jour à prendre possession des espaces publics, à envahir les rues, à prendre en otage des abribus, des bancs publics, à manger dans les poubelles… Donnant au passage l’impression que rien n’est fait nulle part pour cette catégorie de malades. Pourtant, des actions de transfert, apprend-on à l'hôpital psychiatrique de Melen, se déroulent de façon permanente.

Pourquoi donc la population de malades mentaux ne semble-t-elle point maigrir dans les rues ? Pour le Dr Reine Dopé Koumou Ambourouet, directrice du Centre national de santé mentale, les troubles psychiatriques sont un véritable problème de santé publique. Et, aujourd’hui avec le phénomène de drogues, l’on assiste de plus en plus à leurs flambées, le tout associé à l’abandon de certaines familles. "Nombreux se retrouvent dans la rue pas seulement parce qu’ils présentent des troubles mentaux, mais du fait d’absence de soutien familial. Des fois, lorsque nous les ramenons au centre pour des prises en charge, ils sont victimes du désengagement des familles’’, dit-elle. Résultats : ledit malade va devenir un résident du centre, dans un hôpital qui a vocation à donner des soins. Conséquence de cet état de fait, il occupe une place qui aurait pu être prise par un autre malade. Entraînant de facto, la réduction de la capacité d’accueil de l’hôpital qui est de 100 lits. Faut-il repousser les murs ? Quelles solutions concrètes pour changer un tant soit peu les choses afin de redonner leur dignité bafouée à ces hommes et femmes dont l'unique tort est d'avoir perdu la raison ?

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

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