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Enquête

Transport urbain : qu'est-ce qui ne va plus à Taxi-Gab+ ?

Le directeur général de Taxi-Gab+, Curt Myricks Fouty Obeye

Déjà huit mois depuis le démarrage du projet Taxi-Gab+. Mais alors que son déploiement se poursuit sur le terrain, le public a eu accès à des documents qui ont fuité la semaine dernière sur les réseaux sociaux. Toutes choses qui attestent de certains dysfonctionnements et d'un malaise évident dans l'exécution de l'initiative présidentielle.

En effet, dans sa note du 7 mai dernier, le directeur général de Taxi-Gab+, Curt Myricks Fouty invite instamment les chauffeurs en retard de leurs paiements à procéder à la mise à jour de leurs situations financières, sous peine de résiliation de leurs contrats de collaboration. 

Une note au "contenu brutal", estiment quant à eux les chauffeurs concernés. Tant ces der niers imputent les retards de paiement de leurs redevances à des situations de maladies, de réparations de leurs véhicules ayant subi quelques dommages et autres phénomènes sociaux (inondations, etc.). Des justificatifs qu'ils trouvent donc suffisamment "pertinents" pour appeler à la bonne compréhension de la direction générale en vue de différer les versements. 

Mais si ces arguments peuvent être diversement appréciés, il convient cependant de relever que depuis le démarrage du projet, 50% des effectifs des 800 "TG" (entendez par-là chauffeurs de Taxi-Gab+) sont réglos.

M. Fouty trouve que "ce sont des TG formidables qui savent ce qu'ils doivent faire et ils le font bien. Depuis huit mois, je ne les ai rencontrés peut-être que 4 ou 5 fois lors des réunions de sensibilisation, parce qu'ils sont concentrés dans leur travail. Il y en a même parmi eux qui sont en avance d'une semaine voire d'un mois sur leurs paiements. Ils savent pourquoi ils sont dans le projet". Ceux-là n'ont pas de problème avec la police.

Les 20% autres conducteurs font partie des moyens de la classe auxquels ils faut apporter de l'aide. Ils comprennent et finissent par se mettre à jour de leurs obligations financières. Quant aux 30% des TG restants, ils incarnent la mauvaise graine qui n'a rien compris au projet. Tant les véhicules mis à leur disposition deviennent des biens communs qui passent de mains en mains.

"Ils confient le véhicule à un frère, un conjoint, un ami ou même à des étrangers qui se relaient. Et le jour où le DG arrache le véhicule, on va porter plainte. Or il est clairement spécifié dans le contrat que vous n'avez pas le droit de passer le véhicule à une autre personne", rappelle Curt Myricks Fouty.

Fruit d'un recrutement manifestement complaisant, ces mauvais élèves de Taxi-Gab+ sont également ceux-là qui manquent de respect à l'administration, qui sont toujours malades sans se signaler, qui disent avoir mal au dos, qui sont surpris en pleins ébats sexuels avec des filles dans les véhicules ou transportant de la drogue, qui manquent d'hygiène, qui vont jouer au foot les samedis et qui se garent devant les débits de boissons.

Dernièrement, indique le DG, "j'ai fait une note dans laquelle j'ai interdit aux chauffeurs de se garer devant les bars. Vous savez ce qu'ils m'ont répondu ? Nous sommes en partenariat, et quand vous avez fait ce projet, tout le monde sait que le Gabonais doit toujours boire sa bière".

Pis, plusieurs d'entre eux se comportent au volant de leurs voitures tels des hors-la-loi. Slalomant entre les convois ministériels, s'arrêtant en pleins feux pour embarquer ou débarquer leurs clients, se rendant justice eux-mêmes, etc.

"Aujourd'hui si on vérifie bien, nous sommes la société de transport qui a le plus de contraventions de la police pour mauvais stationnements, pour des gens qui ont des permis. Tous les samedis je fais de la sensibilisation pour leur dire que vous n'êtes pas des taxis rouges (les taxis classiques) et que vous ne devez stationner qu'aux endroits appropriés", insiste le DG.

Malheureusement, une mauvaise graine reste une mauvaise graine. Et Dieu seul sait combien de temps, à défaut de les recadrer sincèrement, le projet va pouvoir encore supporter de tels individus qui sont probablement tout, sauf ces entrepreneurs gabonais de la filière du transport dont le pays a besoin.

L'échéancier comme solution

Initiative présidentielle, le projet Taxi-Gab+ a été pensé pour réduire le chômage et créer une classe d'entrepreneurs nationaux dans le secteur du transport urbain. L'idée est de faire en sorte qu'au terme de l'échéance de paiement des deux premières vagues de véhicules, fixée dans deux ans et demi, les TG qui se seront bien comportés obtiennent un second taxi.

Malheureusement, cet enjeu ne semble pas encore bien perçu par certains Gabonais aux comportements puérils voire irresponsables. Des fainéants qui s'adonnent aujourd'hui à des attitudes contradictoires aux clauses du contrat qu'ils ont librement "lu et signé". 

"Quand quelqu'un tombe malade par exemple pendant 4 jours et qu'il apporte les justificatifs, on le fait asseoir et on lui dit qu'au lieu de prolonger votre contrat de 4 jours, il vaudrait mieux qu'on trouve un échéancier pour ne pas rater la prochaine vague de véhicules qui est censée arriver le jour où vous devez postuler pour un autre véhicule.

Parce que nous avons une flotte qui arrive et celle-ci est censée arriver pour les taxis qui se sont bien comportés. Mais si on a prolongé par exemple 100 personnes de deux semaines et que les voitures arrivent, je ne vais pas attendre qu'ils terminent leurs contrats, parce que j'ai une liste de 2 000 personnes en attente.

Pour éviter ça, la meilleure solution serait de trouver un échéancier qui leur convienne. Le plus important pour moi étant que dans 2 ans et demi, ils aient fini de payer leur dû", explique le DG Fouty

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