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Enquête

Église Alliance chrétienne : il y a des éteincelles dans l'air

Le siège de l’EACMG secoué par des tensions internes de ses responsables. © Isaac MUKETA MUELE

Que deviendra l’Église de l’Alliance chrétienne et missionnaire du Gabon (EACMG) les dix prochaines années ? La question est sur les lèvres des observateurs et des fidèles, au regard de tous les tumultes et les tensions perceptibles dans la maison. Norbert, un ex-membre du comité des anciens de l’église de Bongolo des années 90, observe que l’EACMG est mal en point.

Le conflit de leadership entre les nouveaux serviteurs de Dieu en serait la cause évidente. "La plupart sont arrivés non pas parce qu’ils ont reçu véritablement l’Appel à la chaire, mais certainement parce qu’ils auraient échoué ailleurs. La preuve, certains méconnaissent la vraie doctrine de l’Eglise. Ils manquent de vision claire pour l’avancement de l’œuvre de Christ.

Et comme ils n’auraient rien appris des anciens qui les ont précédés, ces derniers brillent par l’orgueil en imposant leur leadership à l’assemblée . Ainsi l’église souffre actuellement de ses leaders assoiffés de tout", dénoncet-il. Beaucoup d’observateurs parmi les anciens et nouveaux fidèles font le constat selon lequel, l’Eglise fondée en 1932 à Bongolo, à Lébamba chef-lieu du département de la LouétsiWano, par le missionnaire américain Donal Fairly, est en perte de vitesse, à cause des crises internes qu’elle traverse.

Celles liées au repli identitaire et conflits ethniques des fidèles, à la mauvaise gestion des ressources humaines et des institutions et à la mauvaise gestion financière. "Ils brandissent tous la Bible et chantent tous à l’église, alors qu’ils se regardent en chiens de faïence. Comment l’Évangile annoncé peut-il impacter la société dans de telles conditions ?", s’interroge Gaston, un ancien pasteur ayant démissionné de la congrégation.

Mais l’instabilité de la maison de Dieu se serait aggravée ces dernières années avec l’arrivée aux affaires de la nouvelle équipe dirigeante. Le projet de vision sur la base duquel elle était élue consistait à bâtir une église restaurée, conquérante et entreprenante. Malheureusement, une fois plébiscitée, le conflit d’intérêts et de leadership a rongé l’équipe de l’intérieur et elle a fini par se disloquer.

"Un jour, au cours d’une grande réunion, on a vu le président de l’Église frustrer ses collaborateurs parce qu’ils ne s’étaient pas accordés sur un point. Ces derniers se sont repliés sur eux-mêmes pour de bon. Ainsi la machine EACMG s’est grippée jusqu’à ce jour", raconte une source proche du milieu ecclésiastique. Le synode national censé se tenir au mois de juillet prochain s’annonce sur des mauvais hospices.

Car il s’agira de l’élection du nouveau président de l’Eglise. Les différents camps se constituent, chacun affûte ses stratégies pour porter son candidat au pinacle. Les élections préliminaires organisées dans toutes les régions synodales de l’ECAMG du pays donnent une tendance générale disqualifiant le président sortant. Mais celuici userait de tous ses moyens pour rester dans la course, non sans susciter des vifs remous dans l’Eglise.

Beaucoup de ses adversaires accusent le conseil des sages d’être à la manœuvre de la falsification des résultats et par ricochet, la violation de certaines dispositions du règlement intérieur (RI) de l’Église. "Il y a eu des irrégularités graves. La violation manifeste des articles  19 et  37 du RI de l'EACMG, qui prohibent strictement toute forme de propagande durant la période électorale. Ce principe fondamental conforme aux bonnes pratiques électorales, est appliqué depuis plusieurs années, depuis l'adoption des statuts et RI en vigueur en juillet 2019.

Des textes précédés par ceux de 2003 et 2027 qu'on avait légèrement amendés", explique un ancien de la congrégation, qui s'indigne de la mauvaise foi des responsables actuels. Aussi, certains pasteurs constitués en collectif ont-ils adressé une correspondance au synode national pour dénoncer les faits de violation du règlement intérieur et demander l’annulation des résultats des élections préliminaires.

Et surtout, désapprouver la formation d'un groupe ethnique qui se serait positionné et sèmerait la confusion dans l'église afin de défendre la candidature du président sortant. Il va sans dire que rien ne va plus au sein de l'EACMG, les responsables ecclésiastiques ne regardent plus dans la même direction. Entre eux, les tensions s'accentuent, en attendant les assises du prochain synode national.

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