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Enquête

Mission protestante de Baraka : quel sort pour les vestiges de l’école primaire gabonaise ?

L’un des vieux bâtiments abritant les premières classes, à Baraka. © DR

L’école gabonaise est fille de l’Église protestante. L’histoire nous enseigne que c’est à la suite de l’arrivée au Gabon, en 1830, des premiers missionnaires protestants américains de Boston, appartenant à l’Américan board of missionners for foreign, qu’est née l’école primaire gabonaise. Sur le site des vestiges d’un ancien entrepôt d’esclaves qui attendaient leur embarquement dans les tristement célèbres "barracos", Baraka aujourd’hui.

Au quartier Glass, dans le 4e arrondissement de Libreville, où est implantée la première mission évangélique protestante, nous faisons la rencontre du révérend Wora. Un personnage ouvert qui accepte de nous conduire sur les lieux. "C’est sur ce site qu’est née la première école de notre pays. Ici, c’était le bâtiment qui abritait la classe des garçons. Celui-ci, la classe des filles. Dans l’esprit des missionnaires, il n’était pas question de mélanger les garçons avec les filles. Il fallait les séparer pour tenir compte de certains paramètres inhérents à la particularité de chaque genre", renseigne le pasteur qui a sacrifié un peu de son temps pour nous offrir une visite guidée à travers le site missionnaire de Baraka.

"C’est précisément au mois de juillet 1842 que John Leighton Wilson et Benjamin Griswold ouvrent la première classe de la Mission avec quinze élèves. En mai 1843, avec l’arrivée d’autres missionnaires, la Mission Baraka totalise soixante élèves répartis dans trois classes. Celles-ci sont tenues par des originaires du Cap de Palmes, d’ethnie grebo.

Les enseignements étaient dispensés en anglais et en mpongwè", explique  le pasteur Rostand Essono Ella de l’Eglise évangélique du Gabon (EEG). Mais pour John Leighton Wilson, relève le pasteur Akita, la Mission évangélique avait commencé par la création d’une école dont la première classe était logée dans son presbytère. C’est après que les élèves quittèrent les presbytères pour apprendre dans de meilleures conditions. C’est-à-dire dans des classes bien aménagées.

Ainsi, au cours des années 1842 et 1843, les deux bâtiments des classes des garçons et des filles constituèrent la structure de la première école primaire du Gabon et, par ricochet, les fondements du système éducatif national. Les missionnaires catholiques sont arrivés quelques années après les protestants. Ils ont ainsi emboîté le pas avec la construction d’autres écoles.

À Baraka , comme on peut le constater, tous les édifices construits par les premiers missionnaires ont vieilli. Pourtant ils tiennent encore solidement sur leurs fondations, malgré les intempéries et le poids des années. Ayu milieu d'autres nouvelles bâtisses, ils se dressent comme s’ils invitaient les nouveaux maîtres du site à reconsidérer leur statut.  "Oui, c’est ainsi que ces vieux bâtiments s’expriment. Ils refusent d’être classés dans le registre des vestiges ordinaires. Mais dans celui des témoins de l’histoire des individus et des peuples, le Roi Glass et les missionnaires John Leighton Wilson, Benjamin Griswold. Des pays, le Gabon et l’Amérique.

Et dans le registre d’une congrégation et d’une administration, l’Église évangélique du Gabon (EEG) et le ministère de l’Éducation nationale", estiment les inspecteurs de l’enseignement confessionnel, intéressés par l’histoire de l’Église et le développement de l’école gabonaise. Beaucoup de visiteurs déplorent actuellement l’état de dégradation avancée du site missionnaire. Le très mauvais traitement auquel les anciens et nouveaux responsables de l’EEG l’ont assujetti.

Aucune attention n’est accordée à l’espace évangélique et ses vestiges, ni dans le fond, ni dans la forme. À voir de près aujourd’hui, ces anciennes salles de classe n’ont reçu aucun lifting allant dans le sens d’une réfection pour garder l’existant. Au contraire, elles ont été laissées en l’état et transformées en autre chose, en lieu d’habitation surtout. Sous d’autres cieux, l’Église et l’État s’accorderaient pour donner une image rayonnante au site missionnaire de Baraka.

Qu’ils deviennent avec tous ses vestiges des patrimoines culturels par excellence. Ce qui serait une valeur ajoutée pour l’essor vers la félicité des sites touristiques nationaux. Les missionnaires américains et les esclaves noirs conduits sur cette terre gabonaise, au village royal de Glass, se retournent peut-être dans leurs tombes pour se demander : "Que faites-vous des témoins de notre histoire, de notre passage sur la terre, vous qui nous avez succédé ?"

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