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Enquête

Insalubrité : quand les malades mentaux s'y mettent

L'abribus situé à la bibliothèque universitaire

Dire que le phénomène des malades mentaux prend de l'ampleur à Libreville est presque une lapalissade. En effet, dans une société rongée par la précarité de la vie, où de nombreux jeunes désœuvrés et même scolarisés sont enclins à la consommation de drogues dures et autres substances provoquant une dépendance psychique et physique forte, il reste quasiment impossible d'enregistrer une embellie face à ce mal. D'autant que toutes les politiques publiques mises en place jusque-là en vue de le juguler ont montré leurs limites.

Tenez, le fait par exemple que le pays ne dispose que d un seul centre public de prise en charge des malades mentaux - celui de Melen -, aux faibles capacités d'accueil et aujourd'hui dans un terrible état de décrépitude, prouve, s'il en était besoin, que la problématique des fous, ou du moins leur traitement, n'a que trop peu préoccupé les autorités sanitaires sous les précédents gouvernements. Conséquence : la capitale gabonaise regorge de ces humains ayant perdu le nord.

Hommes et femmes, ces derniers déambulent chaque jour à travers les rues où leurs bijoux de famille sont exposés avec violence à la vue des passants et même des mineurs. À Libreville, la question n'est donc plus de savoir si les personnes atteintes de démence sont nombreuses, tant les conditions de leur prolifération sont réunies. Elles sont dans la population générale, en liberté totale. Les schizophrènes côtoient les citoyens dits normaux, quoique ce voisinage ne soit pas toujours rassurant du fait de leur caractère imprévisible. En 2012, rappelle-t-on, une fillette de 4 ans avait été jetée du haut de l'échangeur de  Sotega par une forcenée âgée d'une vingtaine dannées alors que la mineure se rendait à son école en compagnie de quatre de ses sœurs et frère.

Le cas le plus emblématique de cette déroutante proximité s'observe aux portes de l'Université Omar Bongo (UOB), où des étudiants et même des élèves du lycée Nelson-Mandela partagent les mêmes abris que des malades mentaux. Ces espaces à l'hygiène précaire dans lesquels des commerçantes pour l'essentiel d'origine ouest-africaine écoulent sandwichs, beignets, jus de fruits, glaces, bonbons, etc. et ou les uns organisent allègrement des causettes pendant que, juste à côté, roupille un fou.

Les malades mentaux, à l'instar des autres Librevillois, vaquent donc chaque jour à leurs occupations. A la seule différence que celles-ci n'ont pour seul résultat que d'offrir à la cité un visage hideux. Avec tous ces vieux tissus et autres objets de récupération prélevés dans des poubelles qu'ils trimballent et qui créent plus d'insalubrité dans la ville qu'autre chose.

À observer par exemple ce qu'il se passe au niveau de l'abribus de la bibliothèque universitaire, l'on est en droit de se poser la question de savoir combien de temps les autorités sanitaires et municipales vont continuer à ignorer une telle pollution.

Depuis plusieurs semaines en effet, un schizophrène y a établi ses quartiers sans que cela suscite la moindre réaction de qui que ce soit. Une inertie pour le moins curieuse quand on sait que cette ombrière se trouve au bord d'une rue fortement fréquentée et abritant quatre établissements dont deux du supérieur.

À l'intérieur de ce qu'il considère désormais comme sa maison, de vieux pneus, des bouteilles, des bidons et des touques de peinture vides, etc. L'homme y a même érigé un foyer au centre de la "pièce" dont les ouvertures sont "protégées" par deux vieux contre-plaqués et des pagnes popo. Ses vêtements, sortis dune valise qui fait face à la chaussée, sont rangés sur une corde telle de la friperie attendant désespérément de la clientèle.

Il est clair que l'entrée de la bibliothèque universitaire n'est pas le seul endroit où squattent les malades atteints de folie et leur corollaire d'insalubrité. Dès lors, faut-il laisser perdurer un tel phénomène qui avilit la première cité du Gabon, en plus de ce que ces hommes et femmes peuvent s'avérer dangereux ?

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