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Enquête

Éducation : l'école primaire entre les mains des bénévoles ?

© DR

Narcisse est bachelier depuis cinq ans. Ses parents, économiquement faibles, n’ont pas pu le soutenir pour qu’il poursuive ses études supérieures à Libreville ou ailleurs. Avec résignation malgré lui, il a dû donc rester dans son village Idembe (Lebamba, chef-lieu du département de la LouetsiWano dans la Ngounié) où le directeur de l'école, confronté au manque d’enseignants, sollicitera ses services.

Depuis ce jour-là, Narcisse tient une salle de classe, sans formation pédagogique au préalable ni rémunération, mais apprend le métier sur le tas. À Moanda, dans le département de la Lebombi-Leyou, Maryse et Pamela sont arrivées dans le monde de l’éducation par "appel d’offres" lancé par le chef de secteur scolaire.

Pour faire fonctionner les écoles de son bassin pédagogique grandement déficitaire de professionnels, ce dernier n’avait pas d'autres choix que de recourir à certains jeunes volontaires prêts à exercer le métier d’enseignants. Dans la plupart des localités de l'intérieur du pays, la situation reste quasi identique, et c'est dans ce contexte que se termine la présente année scolaire. Ainsi, le phénomène des "instituteurs" bénévoles a pris de l’ampleur dans la plupart des localités de l'arrière-pays, dans le secteur de l’enseignement primaire, avec la défection du système de régulation des personnels.

Notamment le gel des concours, des recrutements et du règlement des situations administratives imposé en 2018 par le gouvernement déchu. Un gel qui, en sept ans, a fait beaucoup de mal au système éducatif national pour lequel les hommes et les femmes de métier se battent pour le rendre performant. Ce mal fait l'objet de plaintes au niveau de tous les encadreurs pédagogiques et directeurs d’école, de l’enseignement public et confessionnel.

Le manque et l’insuffisance des instituteurs et institutrices dans les classes primaire et préprimaire s'évaluent à près de 85 %, selon une étude menée par un doctorant en sociologie de l'éducation, à l'Université Omar-Bongo (UOB). " Tous les enseignants et enseignantes de mon établissement son t des bénévoles, avec des profils quasiment disparates, allant du niveau certificat d’études primaires (Cep) à celui du baccalauréat.

Certains s’en sortent dans la pratique de classe, mais beaucoup éprouvent des difficultés, surtout à comprendre et pratiquer l’approche par les compétences (APC)", explique une directrice d’école. Partout ou presque, les chefs de circonscription scolaire de tous les ordres d’enseignement confondus ne tarissent pas de pl aintes. "Mon bassin pédagogique est bon dé d’enseignants bénévoles. J’en fais de certains des directeurs d’école car j’ai très peu d’enseignants qualifiés en ce moment", confie un responsable pédagogique à L'Union.

" À Gamba, chef - lieu du département de Ndougou dans l'Ogo oué-Maritime, la majorité des enseignants chargés de cours seraient sans qualification officielle. Nous étions émus de le constater lors de la formation à l’utilisation des manuels Super Efficace.

Tous les séminaristes étaient des enseignants bénévoles, et qui apprennent le métier sur le tas", rapportent Ruffin Aba’a et Isaac MM, inspecteurs experts formateurs en APC. D'un point de vue général, ces derniers participent à sauver l’école quand elle risque de fermer les portes à cause du déficit d’enseignants. Peut - on savoir quel es t l’impact de ce nouveau genre d’enseignants sur la qualité du système scolaire de notre pays aujourd’hui ?

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