Une situation chaotique qui soulève de sérieuses interrogations sur l’état réel des infrastructures énergétiques du pays et sur la capacité de la SEEG à garantir un service public fiable. Pour les populations, les discours officiels – entre accusations floues et appels à la patience – sont désormais une pilule difficile à avaler.
--
Lire - Crise énergétique : le gouvernement soupçonne un sabotage
--
Il est 11h02 ce samedi 31 mai lorsqu’un incident majeur survient sur le câble haute tension 90 kV reliant la centrale flottante Karpowership au réseau de transport de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Conséquence immédiate : une panne d’électricité massive plonge Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum dans le noir. Quelques heures plus tard, le ministre Tonangoye monte au créneau et évoque un acte de sabotage contre les infrastructures stratégiques. Une coïncidence troublante, qui alimente autant de doutes que de frustrations.
En début de soirée, la SEEG prend enfin la parole. Dans un communiqué diffusé sur ses réseaux sociaux, elle parle d’« indisponibilité » du câble haute tension et annonce un programme d’alimentation alternée durant les réparations. Elle prévient que les travaux pourraient s’étendre sur plusieurs jours, tout en appelant les populations à la compréhension. Mais cet appel résonne comme un refrain lassant pour des usagers épuisés par des coupures devenues quasi-quotidiennes. Dans ce contexte de lassitude et de colère, la communication de la SEEG et du ministère est largement perçue comme un exercice de façade. Une communication trop convenue, trop éloignée du vécu quotidien des ménages, et donc de plus en plus inaudible.
Le dimanche 1er juin, l’électricité reste absente dans de nombreux quartiers du Grand Libreville. La journée s’écoule sans amélioration notable. Au moment où nous mettions sous presse, plusieurs zones étaient toujours privées de courant, et aucun détail supplémentaire n’avait été fourni ni sur l’origine exacte de la panne, ni sur l’état réel des réparations.
Sabotage ou simple manifestation de la vétusté chronique des installations ? La question reste posée. Ce qui ne fait en revanche aucun doute, ce sont les conséquences concrètes pour les populations : inconfort, pertes économiques, paralysie des commerces et administrations, stockage alimentaire compromis, appareils électroménagers endommagés… Le prix à payer est lourd.
Face à cette nouvelle crise, l’exaspération est palpable. La SEEG, malgré ses engagements répétés à offrir un service de qualité, semble incapable de répondre durablement aux attentes des usagers. Quant aux autorités, elles peinent à convaincre sur la réalité des investissements promis depuis des années. Les déclarations officielles, souvent décalées par rapport à l’urgence et à la gravité des situations vécues, ne font plus illusion. Pour de nombreux Gabonais, elles sont devenues une pilule amère que l’on tente de leur faire avaler, sans jamais en soigner les causes profondes.
Le cafouillage du week-end annonce une semaine compliquée pour les entreprises, les services publics et les ménages. Et une fois encore, ce sont les Gabonais qui paient, dans l’obscurité, le prix d’un service public à bout de souffle.
random pub
