Quelques figures de la société civile membres du Comité de médiation et facilitation (Georges Mpaga, Pierre Mintsa et Aminata Ondo) auraient donc été mandatés par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, après qu’il a reçu en audience le Conseil économique, social et environnement (CESE). Ils auraient reçu mandat de recenser les déguerpis.
C’est dans le cadre de ce mandat qu’ils se sont rendus sur les ruines de Plaine-Orèty et ses environs pour rencontrer les populations sinistrées en attente de solutions à leur situation. Leur discours aura été de dire en substance aux populations que le chef de l'État est en colère contre toutes les autorités ayant géré ce dossier.
En clair et pour résumer, la société civile a porté le message selon lequel le gouvernement de la Transition serait entièrement responsable de la situation actuelle pour avoir affi rmé que les populations avaient été totalement indemnisées.
Il n’en fallait pas plus pour faire sortir l’ancien Premier ministre (PM) de son silence pour une mise au point où il se désolidarise clairement des déguerpissements en rejetant en bloc les allégations de la société civile.
Ndong Sima en profi te au passage pour poser des questions afi n que chacun réfl échisse froidement à ce qu’il se passe : "Quel ministre a introduit la réquisition des engins du génie militaire pour déguerpir les femmes, les hommes et les habitants de cette zone ? Sur quels documents (l’administration étant écrite) s’est-il appuyé ?"
Une dernière question taraude l’esprit de l’ancien Premier ministre : s’il (le ministre) a reçu une instruction de le faire (de qui, d’ailleurs ?), n’était-ce pas son devoir de faire remarquer au donneur d’ordre qu’il ne pouvait pas – alors qu’une procédure était pendante devant les tribunaux – lancer l’opération de déguerpissement ?
Pour revenir à la société civile ou du moins à ceux de ses membres qui ont prétendument été mandatés par le président de la République sur le site de la détresse des populations de Plaine-Orèty, nombreux n’ont trouvé leur discours ni cohérent ni opportun.
Et leur posture, "mandataire d’Oligui Nguema", laisse dubitatif et perplexe. Ndong Sima les qualifi e d’ailleurs d’usurpateurs… et voit dans leur démarche, "le triste refl et de manœuvres politiciennes que nous pensions révolues, (témoignant) d’un culot qui n’a d’égal que leur soif manifeste de se mettre en lumière ou de se donner une légitimité.
" Et l'ex-PM n’est pas le seul à penser ainsi. D’autres y ont vu le "bal des vampires", "des menteurs", "d'une mafia". D'autres encore fustigent le temps mis pour arriver sur les lieux et parlent donc de réveil opportuniste quand d’aucuns affi rment qu’ils ont agi comme porte-parole du pouvoir plutôt que comme médiateurs neutres.
Tant pour mémoire, la société civile est un acteur indépendant de l’État, tirant sa légitimité de la citoyenneté, de son engagement au service de l’intérêt général et de la défense des droits humains. Une société civile qui manque de réactivité, de spontanéité, qui attend le mandat du président de la République avant de se rendre sur le terrain soulève de nombreuses questions.
La polémique enfle donc et chacun s’en donne à cœur joie. La société civile est-elle encore crédible ? Est-elle toujours un contre-pouvoir citoyen ? Porte-telle encore la voix des sans-voix ? Est-elle encore un intermédiaire entre l’État et les citoyens ?
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