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Politique

Controverses autour des déguerpissements

La date sur ce mur montre que les gens impactés étaient informés d’un déguerpissement imminent. © Minkoh Malkolm

La polémique – et pas qu'une seule ! – s'invite désormais dans l'opération de déguerpissement lancée il y a maintenant deux semaines par le gouvernement, particulièrement à Plaine-Orety.

Une zone où, tout en reconnaissant en avoir eu connaissance depuis plusieurs années, certaines personnes impactées affirment n'avoir jamais été indemnisées. Alors que l'Exécutif affirme le contraire et continue de soutenir que cela a été effectivement fait.

Au point que, au-delà de la détresse des victimes, l'on se demande qui dit finalement la vérité. Ainsi est née la controverse autour de ce projet. Comme n'ont de cesse d'expliquer les gouvernants, le site déguerpi doit accueillir une cité administrative dans l'objectif de réduire progressivement les charges locatives de l'État chiffrées à une trentaine de milliards de francs par an et des voies secondaires.

Mais également d'une grande artère dénommée "Boulevard de la Transition" dont les travaux ont déjà débuté depuis les feux tricolores de Jeanne-Ebori. Les divergences autour de ces déguerpissements (il y en a aussi entre les Bas et Haut de GuéGué) semblent avoir été suscitées par un certain nombre de faits.

Primo, il est indéniablement acquis que les déguerpis étaient bel et bien informés de cette opération. Depuis les années 1990 pour certains, et la période comprise entre 2010 et 2024 pour d'autres. Cependant, personne n'aurait été mise au courant de la date de son début. De même, il y aurait encore des propriétaires de maisons et de terrains avec titres fonciers qui ne seraient pas encore passés à la caisse.

La polémique vient aussi du fait que cette affaire prend une tournure politique. Des partis et acteurs politiques faisant de la récupération, quand bien même ils n'ignoreraient pas ce projet gouvernemental. Il y en a qui, dans une sorte d'irénisme, demandent quand même la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur la brutalité et la soudaineté des expulsions et les destructions de domiciles.

"Le Tribunal de première instance de Libreville a rendu une décision qui demande d'apporter le titre foncier dudit quartier et d'effectuer une expertise contradictoire. Il a donc rendu une décision provisoire. Malheureusement, on constate que le gouvernement a immédiatement procédé à la destruction des biens", déplore Lionel Engonga, député de la Transition.

De son côté, l'ancien Porte-parole de la présidence de la République, Ike Ngouoni Aïla Oyouomi appelle à "ne pas opposer la nécessaire modernisation de la ville et le respect de la dignité des populations. Il faut clairement un plan d'aménagement cohérent pour les 20 prochaines années, tout en respectant les citoyens dans la méthode. Transformer une ville, oui. Mais pas en humiliant les gens. "

Certains acteurs de la société civile s'y sont mis également. Dans ce dossier, diverses sources évoquent la responsabilité de l'ex-Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima. Ce dernier aurait, au cours d’une séance de travail à la présidence de la République, le 8 avril 2024, rassuré le chef de l’État de ce que tout était bouclé.

Il aurait également présenté au chef de l'Exécutif la maquette de ce qui sera la future cité administrative sur le site de PlaineOrety. C'est sur cette base que, selon nos sources, l'opération de déguerpissement actuellement menée aurait pu l'être avant le scrutin présidentiel.

Puisque M. Ndong Sima, qui a relancé ce projet, aurait informé le chef de l'État, Brice Clotaire Oligui Nguema, qu'une enveloppe de 4 milliards de FCFA aurait été débloquée pour les indemnisations. Peu convaincu et prudent, le président la République, néanmoins déterminé à mieux loger les services étatiques, a plutôt lancé la construction de la cité Émeraude.

L'intéressé a réagi sur sa page Facebook. Dénonçant ce qu'il considère comme étant "un amalgame inacceptable" et "une instrumentalisation politique". Et menace de traduire devant les tribunaux ceux qui diffusent les informations sur son implication dans cette affaire (lire par ailleurs).

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