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Politique

Pr Guy Rossatanga-Rignault sur l’affaire Mbanié : " Nous savons qu’ils savent que nous savons "

Affaire Mbanié

Face au Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, aux présidents d’institutions et aux parlementaires réunis ce mercredi au Palais du bord de mer, le Pr Guy Rossatanga-Rignault a présenté avec gravité et pédagogie l’arrêt de la Cour internationale de Justice dans le litige frontalier vieux de plus d’un demi-siècle entre le Gabon et la Guinée équatoriale. Une audience solennelle, empreinte de patriotisme, où la vérité historique du Gabon a été rappelée avec fermeté par le juriste.

" Nous savons que nos frères de Guinée savent que nous savons qu’ils savent " : par cette formule à la fois ironique et solennelle, le professeur Guy Rossatanga-Rignault, co-agent, avocat et conseil du Gabon auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), a résumé, ce mercredi 22 mai 2025, l’esprit de la présentation faite au sommet de l’État sur le différend territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale. Une séance empreinte de gravité et de dignité, en présence du Chef de l’État, du Vice-Président de la République, des présidents d’institutions, des membres du gouvernement et de l’ensemble des sénateurs.

S’appuyant sur les conclusions rendues le 19 mai 2025 par la CIJ, le Pr Rossatanga-Rignault a détaillé l’issue juridique d’un litige frontalier entamé il y a plus de 50 ans et qui trouve ses origines dans la période coloniale. L’affaire portait sur la délimitation des frontières terrestres et maritimes ainsi que sur la souveraineté de trois îles stratégiques de la baie de Corisco : Mbanié, Conga et Cocotiers.

La Cour a jugé que seule la convention franco-espagnole de 1900 fait autorité pour fixer la frontière terrestre. En conséquence, la Guinée équatoriale devra restituer près de 375 km² de territoire aujourd’hui occupé au Gabon. En revanche, la CIJ n’a pas reconnu la validité juridique de la Convention de Bata de 1974, dans laquelle, pourtant, la Guinée équatoriale reconnaissait explicitement la souveraineté du Gabon sur les trois îles disputées. Cette position a conduit la Cour à attribuer ces îles à la Guinée équatoriale, en sa qualité d’État successeur de l’Espagne, invoquant une souveraineté historique exercée au cours de la période coloniale.

Si le Gabon prend acte de la décision, la présentation n’a pas évité les clarifications nécessaires. " Nous ne sommes pas tenus de mentir ", a affirmé le professeur, rappelant que des copies officielles de la Convention de Bata existent dans les archives françaises et que de nombreuses preuves de son application pendant plus de dix ans sont versées au dossier. « Cette convention a bien été signée, chez eux, le 12 septembre 1974 », a-t-il martelé.

Sur la frontière maritime, la Cour a reconnu l’absence de tout titre juridique actuel, invitant les deux États à ouvrir des négociations pour en fixer les limites. De même, la mise en œuvre pratique de l’arrêt implique un dialogue bilatéral autour de la restitution des territoires terrestres concernés, la définition de la frontière maritime et le transfert effectif de souveraineté sur les îles à la Guinée équatoriale.

Enfin, dans une adresse à la Nation, empreinte de dignité, le Pr Rossatanga-Rignault a conclu : " Nous ne sommes pas tenus de nous aimer. Mais j’ai la faiblesse de penser que nous sommes tous tenus d’aimer le Gabon. Ce petit quelque chose-là, qui manque à certains, s’appelle le patriotisme. Honneur et fidélité donc à la patrie ! "

Ce moment solennel marque une étape importante dans la gestion apaisée d’un différend historique. La balle est désormais dans le camp des États pour transformer cette décision de justice en une dynamique diplomatique constructive, au service de la paix et de l’intégrité territoriale.

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