L'Union. Les 100 premiers jours sont une période clé pour tout dirigeant et particulièrement pour vous qui présidez le premier gouvernement de la Ve République. Comment les appréciez-vous ?
- Brice Clotaire Oligui Nguema : Les 100 premiers jours du premier gouvernement de notre Ve République ont été une période de fondation, d’audace et d’espoir. Ce fut un moment où nous avons posé les bases d’un Gabon nouveau, libéré des chaînes d’un passé marqué par l’immobilisme et la mauvaise gouvernance. J’apprécie ces 100 jours comme un tournant historique, où notre Nation a choisi de se relever avec courage pour écrire une nouvelle page de son destin. Nous avons lancé des réformes audacieuses, renforcé la cohésion nationale et redonné confiance à un peuple assoiffé de changement. En 100 jours, nous n’avons pas seulement gouverné, nous avons réveillé l’âme du Gabon !
De fait, le projet politique que vous portez s’inscrit dans une volonté de rupture et d’action. Pensez-vous donc que le gouvernement a traduit cette ambition au cours de ces 100 premiers jours ?
- Absolument. Notre projet politique est celui d’une rupture franche avec des décennies de stagnation et de prédation. En seulement 100 jours, nous avons traduit cette ambition par des actions concrètes : la gratuité des frais de scolarité pour soulager les familles, la réduction du prix du gaz pour alléger le fardeau des ménages et le placement en détention de figures présumées corrompues pour restaurer la justice. Nous avons également appliqué nombre de recommandations du Dialogue national inclusif que nous avons lancé pour poser les jalons d’une démocratie renouvelée. Ces actes ne sont pas des promesses, mais des réalités tangibles qui témoignent de notre engagement à transformer le Gabon. Bien sûr, le chemin est long, mais notre détermination est inébranlable. Rupture ne veut pas dire destruction, elle signifie construction d’un Gabon plus juste, plus fort, plus uni !
Au cours d’un Conseil des ministres, vous avez instruit les membres du gouvernement à l'effet d’élaborer leurs plans d’action respectifs avec, à la clé, leur évaluation. Qu’est-ce qui en ressort ?
- J’ai exigé de chaque ministre un plan d’action clair, mesurable et orienté vers des résultats concrets pour les Gabonais. Les évaluations révèlent des avancées significatives dans des secteurs clés comme l’éducation où la gratuité scolaire a été instaurée, et l’énergie, avec des investissements pour moderniser notre réseau électrique. Cependant, des défis persistent, notamment dans la coordination et la rapidité d’exécution. Certains ministères ont brillé par leur dynamisme, tandis que d’autres doivent redoubler d’efforts. J’ai donné des instructions fermes pour corriger ces lacunes et accélérer la mise en oeuvre des projets. Le peuple gabonais mérite un gouvernement qui agit avec rigueur et efficacité, et je veillerai personnellement à ce que cela soit le cas. Un plan sans action est un rêve ; un plan avec action est une révolution !
Parmi les premières réformes économiques engagées, il y a la décision de mettre en place cinq Fonds stratégiques. L’initiative avait été fortement appréciée au sein de l’opinion. Depuis lors, on ne sait plus où on en est. Cette mesure est-elle toujours d’actualité ?
- Les cinq Fonds stratégiques restent une priorité absolue de notre vision économique. Ces Fonds, conçus pour stimuler l’investissement dans l’agriculture, le digital, l’énergie, l’infrastructure et la santé, sont en phase de structuration avancée. Nous avons mobilisé des experts pour garantir leur transparence et leur efficacité, et des partenaires internationaux, comme ceux rencontrés lors du Forum sur la coopération sino-africaine, ont exprimé un vif intérêt pour y contribuer. Les lenteurs observées sont dues à notre volonté de bâtir des mécanismes solides, à l’abri des dérives du passé. Soyez rassurés : ces Fonds verront le jour et transformeront notre économie pour le bénéfice de tous les Gabonais. Nos Fonds stratégiques ne sont pas des promesses en l’air, ils sont les piliers d’un Gabon prospère de demain !
Parlant des réformes, l’une des premières a été celle du système politique gabonais, à travers la loi sur les partis politiques. Cette réforme a essuyé plusieurs critiques et fait encore jaser aujourd’hui. Qu’en dites-vous ?
- La réforme des partis politiques est une nécessité historique pour assainir notre démocratie. Avant notre arrivée, le Gabon comptait plus de 100 partis politiques, souvent sans base légale, sans siège, ni véritable ancrage populaire. Ce désordre affaiblissait notre système démocratique et favorisait la confusion. Lors du Dialogue national inclusif il y a deux ans, nous avons décidé collectivement de rationaliser ce système en imposant des critères clairs : un siège, une structure légale et une véritable représentativité. Cette réforme ne vise pas à museler l’opposition, mais à garantir une compétition politique saine et transparente. Les critiques sont inévitables, mais elles ne doivent pas nous détourner de notre objectif : une démocratie forte, où chaque parti compte pour ce qu’il représente, et non pour le chaos qu’il peut créer. Trop de partis, c’était le désordre ; avec la réforme, nous bâtissons une démocratie qui respecte le peuple !
Dans le même ordre d’idées, d’aucuns ont dénoncé une certaine forme de brutalité autour des récents déguerpissements survenus à Libreville. Ces dénonciations vous paraissent-elles fondées ?
- Les déguerpissements à Libreville s’inscrivent dans une démarche d’assainissement urbain et de respect de l’État de droit. Le vendredi 15 août 2025, nous avons procédé à la remise des clés à 260 familles déguerpies du quartier Plaine-Orety au mois de juin dernier. C'est un engagement que j'ai respecté et qui a permis de rendre la dignité aux Gabonais impactés par le projet de construction du bassin-versant. Ces villas ont été achetées par l'État à l'Unité de coordination des études et des travaux (UCET) pour permettre aux familles de bénéficier de logements décents. La liste des bénéficiaires a été faite par les populations ellesmêmes.
D'autres logements, notamment mille, seront construits à Mindoube et Bikelé-Nzong pour reloger les Gabonais qui étaient en règle et qui ont été oubliés. Les conflits fonciers, souvent hérités d’années de laxisme, ont engendré des occupations illégales qui compromettent le développement harmonieux de notre capitale. Nous agissons avec fermeté, mais pas sans coeur. Chaque opération est précédée d’un dialogue avec les communautés concernées, et des solutions de relogement sont étudiées pour les plus vulnérables. Si des erreurs ont été commises, nous sommes prêts à les corriger. Mais nous ne pouvons tolérer l’anarchie foncière qui freine notre progrès. Les dénonciations sont entendues, mais elles doivent s’accompagner de propositions pour construire ensemble un Gabon ordonné et juste. L’ordre n’est pas brutalité ; c’est la condition d’une Nation qui avance !
De nombreux compatriotes déplorent le fait que l’action du gouvernement au cours de ces 100 jours se soit limitée aux effets d’annonce. Qu’en pensez-vous ?
- Je comprends l’impatience des Gabonais, qui aspirent à des résultats immédiats après des décennies de promesses non tenues. Mais qualifier nos 100 premiers jours "d’effets d’annonce" est injuste. La gratuité scolaire est effective, le prix du gaz a baissé et des projets d’infrastructures, comme la modernisation du chemin de fer, sont relancés. Nous avons également acquis des actifs pétroliers étrangers pour renforcer notre souveraineté économique. Ces actions ne sont pas des paroles, mais des faits. Cela dit, je reconnais que les attentes sont immenses, et nous redoublons d’efforts pour accélérer les résultats. Le Gabon ne se transformera pas en un jour, mais chaque jour nous rapproche de notre vision. Les annonces d’hier sont les réalités d’aujourd’hui, les promesses d’aujourd’hui seront les victoires de demain !
Partout ailleurs dans le pays, et davantage dans le Grand Libreville, les populations se plaignent des coupures répétées d’électricité et des difficultés d’accès à l’eau. Le gouvernement serait-il dépassé par l’ampleur de la difficulté ?
- Non, le gouvernement n’est pas dépassé. Les coupures d’électricité et les difficultés d’accès à l’eau sont des héritages d’une gestion désastreuse de nos infrastructures essentielles. Il est question aujourd’hui de revoir le contrat de certaines sociétés. Tenez, il y a des entreprises installées depuis plusieurs années au Gabon et qui avaient promis d'augmenter la puissance de la capacité des mégawatts de leur production mais cela n'a jamais été fait.
Aussi, pour réduire les coupures d'électricité fréquentes, la société turque Karpowership, partenaire de l'État, va augmenter sa puissance en passant de 70 à 150 mégawatts au cours de ce mois d'août, doublant ainsi la capacité de production pour la fourniture d’électricité. En plus de cela, le Gabon a bénéficié de 3,2 milliards de dollars d'Afreximbank destinés à la construction de 3 centrales énergétiques qui seront implantées à Libreville, Port-Gentil et Lambaréné. Ce projet permettra de produire de l'électricité atteignant une capacité de 300 mégawatts supplémentaires.
C’est donc un prérequis indispensable pour le Gabon dans le domaine industriel. En 100 jours, nous avons investi dans la modernisation du réseau électrique et lancé un audit complet de la SEEG pour identifier les failles. Les partenariats internationaux permettront donc de renforcer nos capacités de production et de distribution. Les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes, mais nous travaillons sans relâche pour que chaque Gabonais ait accès à l’eau et à l’électricité de manière fiable. L’obscurité et la soif ne sont pas une fatalité ; nous allumons la lumière et ouvrons les vannes pour un Gabon moderne !
La Banque mondiale, dans sa Note de conjoncture économique du Gabon en 2025, relève que les perspectives d’emploi limitées dans le pays et la croissance modeste ont aggravé la pauvreté avec environ 34,6 % des Gabonais vivant dans la pauvreté. La lutte contre la précarité a-t-elle été mise de côté durant ces 100 jours ?
- La lutte contre la pauvreté est au coeur de notre action. Les chiffres de la Banque mondiale reflètent un héritage douloureux : un chômage de 35 à 40 % et une dette publique dépassant 70 % du PIB. Toutefois, ce sont d'anciens chiffres que détient l'institution financière internationale qui n'a pas actualisé les nouvelles données. Le Gabon est à jour vis-à-vis de la Banque mondiale. La dette est régulièrement payée. La Banque mondiale doit revoir le taux de notation. Le pays avance, il est en chantier.
En 100 jours, nous avons osé inverser la tendance dans la lutte contre la précarité. N'y a-t-il pas de pauvreté dans les plus grands pays européens ou aux États-Unis ? Le Gabon met tout en oeuvre pour freiner la pauvreté. Il y a, par exemple, la gratuité scolaire qui donne à chaque enfant une chance d’avenir. La baisse du prix du gaz soulage les ménages. Nous avons également lancé des programmes de formation dans l’agriculture et le digital pour créer des emploi s durables. Les Fonds stratégiques, une fois opérationnels, f inanceront des projets générateurs de revenus . La précarité n’est pas oubliée ; elle est notre combat quotidien, et nous le mènerons jusqu’à ce que chaque Gabonais vive dignement. La pauvreté n’est pas le destin du Gabon ; notre mission est de la vaincre, pas à pas, emploi par emploi !
Au cours de cette période, plusieurs chantiers ont été à l’arrêt du fait, selon les entreprises adjudicataires, des retards de paiement. Le gouvernement a-t-il lancé des chantiers sans s’assurer de la disponibilité régulière des fonds ?
- Le gouvernement a lancé des chantiers qui sont payés en fonction des résultats. Il faut une méthode et une planification. On ne peut pas tout faire en même temps. Nous avons 7 ans, tous les chantiers seront achevés. Nous avons repris un État endetté, avec des arriérés accumulés auprès des entreprises. Cependant, je réfute l’idée que nous ayons lancé des chantiers sans planification. En 100 jours, nous avons mobilisé 520 millions de dollars via un Eurobond pour rembourser une partie des dettes et relancer des projets stratégiques, comme le chemin de fer. Nous travaillons à assainir les finances publiques pour garantir des paiements réguliers aux entreprises. Les chantiers reprendront de plus belle, car ils sont le moteur de notre développement. La méthode et la planification sont de mise. Tous les chantiers vont arriver à terme. J'en fais le serment.
Quelles sont les priorités du gouvernement pour les mois à venir ?
- Les mois à venir seront marqués par une accélération de notre transformation nationale. La Comilog s'est engagée à accompagner l'État dans la transformation locale du manganèse. Et elle va également développer les capacités énergétiques et moderniser les infrastructures. D'autres entreprises intéressées sont aussi les bienvenues. Le Gabon va donc transformer l'ensemble du manganèse extrait de son sous-sol d'ici à 2029. Cette décision va créer plus de valeur ajoutée et permettra de développer une filière industrielle forte.
Nos priorités sont claires : Renforcer l’accès aux services de base : investir massivement dans l’électricité et l’eau pour mettre fin aux coupures et aux pénuries. Stimuler l’emploi et l’économie : lancer les Fonds stratégiques pour financer des projets dans l’agriculture, le digital, et les infrastructures, créant ainsi des opportunités pour nos jeunes. Consolider la démocratie : poursuivre la mise en oeuvre des réformes issues du Dialogue national pour garantir des institutions fortes et transparentes. Lutter contre la corruption : intensifier l’opération "Mains propres" pour restaurer la confiance dans nos institutions. Renforcer la souveraineté économique : poursuivre l’acquisition d’actifs stratégiques, comme ceux des compagnies pétrolières étrangères, pour maximiser les bénéfices pour les Gabonais.
Ces priorités s’inscrivent dans notre engagement à faire du Gabon un dragon économique, où chaque citoyen prospère dans la dignité. Nos priorités ne sont pas des slogans ; ce sont les fondations d’un Gabon qui gagne !
Pour finir, au bout de ces 100 premiers jours, y a-t-il une chose que vous avez faite et que vous regrettez ? Vous dites-vous que je ne la referais pas ou alors différemment ?
- Je ne regrette pas car tout ce que je fais est planifié. Toutefois, je déplore la trop grande passivité des jeunes. Le manque d'opérateurs dans la production d'agrégats est regrettable, car c'est un secteur porteur et essentiel pour la construction et le développement des infrastructures. Beaucoup de jeunes ne s'intéressent pas à ce secteur ni à celui du gravier, encore moins de l'agriculture. Pourtant, pour aider les jeunes entrepreneurs, un montant de 25 milliards de francs CFA a été placé à la Banque pour le commerce et l'entrepreneuriat du Gabon avec un taux d'intérêt préférentiel de 5 %.
Nombreux ne vont pas vers les entreprises, ils ne sont pas intéressés. Comme le dit un proverbe : "Il vaut mieux apprendre à quelqu'un à pêcher, que de lui donner du poisson". Et puis, une chose qui peut aussi constituer un regret, celle des moeurs. En effet, pendant la Transition, nous n'avons pas mis l'accent dans ce domaine. Il est question ici de revoir l'éducation de nos enfants dans le domaine des moeurs. Après 100 jours, je regarde notre parcours avec fierté, mais aussi avec humilité.
Un ultime message à vos compatriotes ?
- Mon message aux Gabonais : j'aime mon peuple et je travaille pour améliorer ses conditions de vie et son bien-être. Ma volonté est que mon discours soit entendu et compris par les Gabonais. Vous êtes ma force, votre soutien, votre résilience et votre aspiration à un avenir meilleur sont ma boussole. Ensemble, nous surmontons les obstacles, car le Gabon n’est pas seulement une Nation, c’est une famille unie par un destin commun. Restez confiants : chaque jour, nous construisons un Gabon plus fort, plus juste et plus prospère. Le Gabon, c’est vous ; ensemble, nous ne construirons pas seulement un pays, mais une légende !
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