Que se passe-t-il finalement avec la justice gabonaise ? La question n'est pas saugrenue, après la rencontre convoquée, jeudi dernier en urgence, par le chef de l'État, Brice Clotaire Oligui Nguema, avec une délégation du corps judiciaire.
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Une réunion à laquelle ont pris part le premier président de la Cour des comptes, Alex Euv Moutsiangou, le procureur général près la Cour d'appel judiciaire de Libreville, Eddy Narcisse Minang, mais aussi le ministre de la Justice, Séraphin Akure Davain. Et qui a été l'occasion pour le président du Conseil supérieur de la magistrature de dénoncer, une fois de plus, "les actes de corruption, d'abus de pouvoir et d'extorsion de fonds qui gangrènent le milieu de la justice".
Des faits ayant d'ailleurs conduit à la suspension, le 7 août dernier, de 19 magistrats par le conseil de discipline, qui s'insurgeait contre des pratiques contraires à l’éthique et à la déontologie du corps judiciaire. Et l'affaire Thiam semble confirmer ce constat d'une corporation qui ne veut pas se défaire de certaines tares.
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Si certaines récriminations faites aux magistrats ne sauraient se justifier, il reste que les mêmes reproches reviennent chaque année. Et là, une fois encore, la justice est clouée au pilori. D'où l'ire du président du Conseil supérieur de la magistrature, en sa qualité de garant de l’État de droit.
Car, pour Brice Clotaire Oligui Nguema, les magistrats se doivent d'être des modèles dans notre société. L'on a souvenance qu'après l’audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux, le 6 octobre courant, il avait réaffirmé, sur sa page Facebook, son engagement envers une justice indépendante et respectée. "Sans elle, il ne peut y avoir ni paix durable ni stabilité véritable", avait-il écrit. Soulignant le rôle fondamental des magistrats dans la consolidation de l’État de droit.
La réunion express de jeudi s'est inscrite dans le même esprit. Le chef de l'État appelant la magistrature à s’aligner sur les valeurs de transparence, d’intégrité et de loyauté qui, à l'en croire, constituent les piliers de la refondation républicaine qu’il entend mener. " Je ne transigerai ni avec l’opacité ni avec l’impunité, la justice doit redevenir un rempart et non un outil de compromission ", avait-il encore écrit sur sa page Facebook.
Des propos du reste soutenus par le procureur général près la Cour d'appel judiciaire de Libreville, Eddy Narcisse Minang, lors de la récente cérémonie d'installation des magistrats promus ou affectés au sein de cette juridiction. À tout prendre, cette interpellation ne s'adresse pas uniquement aux magistrats. Elle est destinée également aux autres corps concernés par les questions judiciaires qui se distinguent par des comportements blâmables.
Derrière le discours tenu jeudi dernier par le président du Conseil supérieur de la magistrature, l'on perçoit une volonté réaffirmée de faire de la justice un pilier de la nouvelle République. Une justice en laquelle les justiciables ont confiance.
En plaçant les libertés fondamentales et la protection des plus faibles au coeur de l’action judiciaire, il est question de tracer les contours d’une justice citoyenne, accessible et respectée. La récente suspension de 19 magistrats s'inscrivait dans une démarche visant à bannir de l’appareil judiciaire les comportements déviants.
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