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Politique

Hôtel de Ville : le maire Obame Etoughe face au défi de l’orthodoxie financière

Pierre Mathieu Obame Etoughe, Maire de Libreville

À peine installé à la tête de la mairie centrale de Libreville, Pierre Mathieu Obame Etoughe a fixé les grandes orientations de son mandat. Au coeur de ses priorités se trouve un chantier aussi sensible que stratégique : la gestion efficiente des finances municipales.

Un choix osé dans une institution municipale régulièrement citée comme l’un des symboles des dérives financières et de la corruption sous toutes ses facettes. Le nouvel édile de la capitale affiche une volonté claire : rompre avec les pratiques qui ont longtemps terni l’image de l'Hôtel de Ville. Pots-de-vin, détournements présumés, marchés publics opaques, etc.

Autant de maux qui ont, par le passé, conduit certains responsables municipaux devant les tribunaux et même derrière les barreaux.

Il faut dire que la lutte contre la corruption n’est pas un slogan, mais un engagement récurrent, souvent répété par les équipes précédentes, mais sans résultats durables. D'autant plus qu’à la mairie de Libreville, le discours sur la rigueur financière est presque devenu un refrain de la même manière que les maires se succèdent.

Preuve, chacun arrive avec des promesses de transparence, d’assainissement des comptes et de restauration de la confiance. Mais au fil du temps, ils finissent par baisser la garde, prisonniers de pesanteurs internes, de réseaux d’intérêts ou tout simplement d’un système profondément enraciné. D'où cette question : qu’est-ce qui changera réellement sous l’ère Obame Etoughe ?

Jusqu’ici, la stratégie dominante de la mairie reposait essentiellement sur la collecte des taxes auprès des acteurs économiques. Une politique de mobilisation des recettes souvent présentée comme un succès, mais dont l’impact réel sur les finances municipales est toujours resté flou à cause du manque de traçabilité des fonds collectés et d'une faible lisibilité sur leur affectation.

Du coup, collecter davantage, mais sans mécanismes clairs de reddition des comptes, n’a pas suffi à redresser durablement les finances de la municipalité.

Conscient de cette défiance, Pierre Mathieu Obame Etoughe semble vouloir introduire une nouvelle approche, celle fondée sur la bonne gouvernance et le contrôle citoyen. Parmi les pistes évoquées figure la mise à disposition des données publiques : publication des budgets, des décisions administratives et des marchés publics.

Une démarche qui, si elle est effectivement mise en oeuvre, pourrait permettre aux citoyens, aux médias et à la société civile de suivre l’action municipale et d’exercer un véritable droit de regard.

Ce d'autant plus que rendre les informations accessibles constitue en effet un levier essentiel dans la lutte contre la corruption. Et la transparence réduit les zones d’ombre, limite les arrangements informels et renforce la responsabilité des décideurs.

Mais là encore, l’enjeu n’est pas seulement l’annonce, mais la constance dans l’application. Publier régulièrement, expliquer les choix budgétaires et accepter la critique objective seront des tests majeurs pour la nouvelle équipe municipale.

Et oser dire que la lutte contre la corruption à la mairie centrale de Libreville s’annonce comme un défi extrême, est tout sauf une litote. Tant les vieilles habitudes ont la vie dure. Et les attentes toujours élevées.

Pierre Mathieu Obame Etoughe joue donc gros. Soit, il parvient à imprimer une rupture crédible – ce qui lui attirera des inimitiés –, soit il rejoindra la longue liste de ses prédécesseurs dont, impuissants, les promesses se sont diluées dans le temps. Demeurant au stade de simple profession de foi.

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