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Politique

Michel Raymond Anchouey : un modèle d'humilité et de don de soi

Michel Raymond Anchouey

Il y a des personnalités qui ne laissent personne indifférent. Michel Raymond Anchouey est de cette catégorie qui mérite incontestablement d'être inscrite au Panthéon de la République. Digne et illustre fils de notre Nation, patriarche de la communauté Mpongwè et serviteur exemplaire de la République jusqu'au soir de sa vie, Michel Raymond Anchouey appartient à la deuxième génération des hauts cadres de notre pays.

Nanti d'une licence en droit public et d'un Diplôme d’études supérieures en sciences (DESS) politiques, obtenus aux premières heures de l’accession du Gabon à la souveraineté internationale, Michel Raymond Anchouey entre à l'École des Douanes de Neuilly pour y compléter son cursus.

En 1965, il est promu secrétaire général adjoint de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC). Il occupe cette fonction jusqu'en 1970. Au sein de cette organisation, il s’illustre par son sens élevé du service public, son ouverture d’esprit et sa grande rigueur morale. Aussi contribue-t-il, pendant cette tranche de sa vie, à poser les jalons de l'intégration économique sous-régionale.

De retour au Gabon, en 1970 il sert en qualité de conseiller chargé des Affaires africaines et internationales à la présidence de la République.

Cinq ans plus tard, il intègre le gouvernement où il occupe successivement les fonctions de ministre du Plan, de l’Aménagement du territoire, du Développement, du Tourisme, de l’Agriculture, des Eaux et Forêts, de la Pêche, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Justice. Une carrière gouvernementale qui s’étend sur dix-neuf ans.

Dans ces différents départements ministériels, il fait preuve d’une grande capacité d’écoute, une énorme faculté de synthèse dans l’approche des problèmes et une remarquable maîtrise de soi. Ce qui a pour résultat d’inspirer confiance et donner des gages de sincérité en désamorçant très souvent les situations les plus explosives. Il est porteur de réformes hardies. Ainsi, au ministère de l’Enseignement supérieur, il obtient la mise en place de la prime d'incitation à la recherche (PIR), l'élection des directeurs de départements. Homme affable et méticuleux, le défunt est reconnu pour son légendaire patriotisme. D'ailleurs son leitmotiv est "servir au mieux l'État". Pour lui : " le manque de volonté politique et la mauvaise organisation limitent les résultats escomptés au sein de l'Administration gabonaise". L'illustre disparu milite aussi pour l'introduction de l'éthique dans le milieu politique. Malgré sa pondération, il sait prendre du recul lorsqu'il n'est pas d’accord. Il incarne ce que le service public peut produire de plus noble : la compétence, la loyauté et le sens du devoir.

Sa forte personnalité ainsi que sa rigueur lui ouvrent les portes de la Cour constitutionnelle où il fait son entrée magistrale dans le cercle très fermé des "neuf sages de la République" de 1998 à 2012. À la haute Cour, il fait l'unanimité pour sa modestie, son humilité et se révèle comme un homme pétri de connaissances en raison de sa grande expérience dans de nombreuses administrations dont celle de la Justice.

Notable respecté de sa communauté et bien au-delà, il a su allier la sagesse des traditions au modernisme. Dans ces deux mondes il prône l'apaisement,l'unité et le rassemblement des communautés Benga, Sékiani, Akélé et Mpongwè et oeuvre inlassablement à la cohésion avec les autres groupes sociologiques. Il excelle dans la tradition et possède notamment une remarquable connaissance des lignages.

Oreille attentive, père aimant et guide infatigable, la porte de ce patriarche était ouverte à tous. Toujours au service des autres, notamment de la jeunesse qu'il encadre, avec maestria, par ses précieux conseils. Le disparu fait partie de ces grandes figures dont la présence rassure, la parole éclaire et la bienveillance apaise.

Dignitaire de la République, Michel Raymond Anchouey a également été un homme de culture avec trois livres à son actif : "Premiers pas vers une Nation", ‘‘Organisation et fonctionnement d'une chefferie chez les Mpongwè" et "Parcours et Chancellements".

À titre personnel, nous étions très proches. En toutes circonstances, je bénéficiais de sa bienveillance et de son affectueuse attention, je pouvais m’appuyer sur lui. Il m'encourageait dans les moments difficiles. C'était un homme de très grande sagesse, un modèle à tous égards qui a su faire de la proximité et de l'humilité un exemple.

De ce point de vue, je perçois l'immensité de cette perte pour la Nation, son héritage demeure vivant. Puisse son exemple continuer à guider nos pas et son souvenir nous rappeler ce que signifie réellement "servir les autres".

Alexandre Barro Chambrier

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