Éducation/numérique : la charrue devant les boeufs ?

Connecter et équiper 45 écoles et atteindre la barre de 9 000 élèves bénéficiaires directs : c'est l'objectif du projet de digitalisation de l’enseignement primaire au Gabon. Mais, car il y a un "mais". Pour d'aucuns, expérimenter un tel projet, certes bénéfique pour les jeunes apprenants, mais dans un contexte où plusieurs écoles manquent de tables-bancs, de salles de classe et d’électricité, c'est comme mettre la charrue devant les boeufs.

Même si l'inspecteur des services du ministère de l'Éducation nationale, Joachim Ondjila, n'est pas de cet avis. "Parler de dématérialisation ou bien de la formation à distance, n'a rien à y voir avec la présence ou non des tables-bancs (...) Raison de plus pour que les enfants puissent toujours avoir une formation, même étant à la maison".

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Soit ! Mais c'est une réalité que là où il y a absence de ces équipements fonctionnels, les enseignants ne pourront mettre en pratique les compétences numériques acquises. Et sans internet fiable, les plateformes comme "Learning Passport" seront difficilement accessibles.

Ajouter à cela le manque et les coupures fréquentes d'électricité et le coût onéreux de la connexion, qui peuvent freiner l’usage régulier des outils numériques. Tout comme les effectifs pléthoriques qui rendent difficile l’application d’un apprentissage mixte (présentiel et numérique). Sans oublier que les enseignants déjà surchargés, pourraient percevoir cette formation comme une tâche supplémentaire, plutôt qu’un appui.

Par ailleurs, pour un tel projet que l'on entend initialiser avec 9 000 apprenants, combien de temps faudra-t-il pour couvrir tout le pays ? Et entre-temps, ne sera-t-on pas dans l'école à plusieurs vitesses ?