L'Union. M. le président, la campagne électorale s'est ouverte le 17 septembre dernier. Dans quel état d’esprit le PDG l’aborde-t-il ?
- Blaise Louembe : Permettez-moi, avant de répondre à vos questions de vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez de m’adresser à nos compatriotes. Comme vous le savez, ce scrutin marquera la fin de la Transition et le retour à une vie politique et institutionnelle normale. Le Parti démocratique gabonais (PDG) aborde cette campagne avec sérénité, détermination et sens des responsabilités. Nous sommes conscients que le contexte a changé depuis la perte du pouvoir le 30 août 2023, et nous avons tiré les leçons de notre histoire.
Notre état d’esprit est celui d’un parti profondément enraciné dans la nation qui a contribué à la consolidation de l’unité nationale et au développement du pays depuis 1968, et qui a fait sa mue dans le cadre d’un renouveau républicain. Cette campagne est pour nous l’occasion de renouer le dialogue avec tous les Gabonais, de les écouter et de construire ensemble un avenir où la stabilité, la justice sociale et le développement partagé sont au coeur de nos engagements.
Nous allons à la rencontre des compatriotes de tous bords en vue d’engranger des nouvelles adhésions et fortifier nos suffrages dans les urnes, mais surtout pour amener les militantes et militants fidèles et disciplinés à servir le PDG et à jouer la partition qui est attendue d’eux. Avec un discours respectueux, patriotique, digne et responsable, en vue de favoriser une campagne électorale apaisée.
Vous avez effectué une tournée nationale de présentation du directoire du parti. Quels retours avez-vous reçus des populations et quelles leçons en tirez-vous ?
- Après le "coup de Libération" du 30 août 2023, le PDG a engagé sa propre transition. Celle-ci a été marquée d’abord par la mise en place d’un directoire provisoire du parti, ensuite par l’élection d’un nouveau directoire lors du congrès tenu le 30 janvier 2025 à Libreville. Cette première tournée était donc un préalable essentiel, afin d’insuffler une énergie nouvelle. Elle a été avant tout un moment d’écoute et de vérité.
Les populations ont exprimé leur attachement à la paix et à l’unité nationale, mais elles ont également insisté sur la nécessité de renouveler nos pratiques, de mieux répondre aux besoins quotidiens, et de faire une place réelle à la jeunesse et aux femmes dans les responsabilités.
Notre parti s’est ainsi efforcé à respecter les dispositions légales qui imposent 20 % des jeunes et 30 % des femmes. Les retours nous enseignent plusieurs choses : d’abord, que le PDG reste profondément enraciné dans tout le pays ; ensuite, que nous devons transformer cette histoire en un projet d’avenir crédible, concret et participatif.
Nous avons entendu les préoccupations sur l’emploi, le coût de la vie, l’éducation et la santé. La leçon principale est claire : pour continuer à jouer notre rôle dans la vie démocratique du Gabon, nous devons être plus proches des réalités locales, plus transparents et audacieux dans nos propositions. C’est pourquoi nous avons engagé un processus de renouvellement générationnel : de nombreux jeunes, des femmes dynamiques et des cadres figurent parmi nos candidats.
Après avoir dominé la vie politique nationale pendant plus de cinq décennies, le PDG participe à ces scrutins sans être aux commandes de l’État. Quel regard portez-vous sur cette situation inédite ?
- C’est effectivement une situation inédite dans l’histoire récente du parti et du Gabon et nous l’abordons avec lucidité et maturité. Après avoir été au pouvoir pendant plus de cinquante ans, le PDG se présente aujourd’hui devant les électeurs sans être aux commandes de l’État. Nous voyons cela non pas comme une faiblesse, mais comme une opportunité historique.
D’une part, cela nous oblige à renouer un dialogue direct avec les citoyens sans l’intermédiaire des leviers institutionnels. D’autre part, cela prouve que notre démocratie peut évoluer et que le PDG est suffisamment solide et enraciné pour continuer d’exister comme une grande force politique même hors du pouvoir. Ce recul nous a permis de faire un examen de conscience : reconnaître nos réussites — comme la consolidation de l’unité nationale et la modernisation du pays — mais aussi d’entendre les critiques sur nos manquements et retards.
Quelle est votre stratégie pour regagner la confiance des électeurs ?
- Le PDG a présenté 144 candidats sur les 145 sièges en compétition. Soit un taux de couverture de 99,3 %. Reconnaissons que dans le contexte actuel, c’est une performance politique. Notre stratégie repose sur trois axes essentiels : l’écoute, le renouvellement, des engagements clairs et réalistes. Cette démarche nous permet d’aller au-delà des slogans pour proposer des solutions qui répondent à leurs préoccupations concrètes : emploi des jeunes, pouvoir d’achat, infrastructures de proximité, santé, éducation…
Ensuite, nous avons profondément renouvelé nos équipes. Parmi nos candidats, une large proportion sont de jeunes talents, des femmes engagées. Ce renouvellement générationnel montre que le PDG a entendu le message des citoyens et qu’il est capable de se réinventer tout en restant fidèle à ses valeurs. Enfin, nous avançons avec des engagements clairs. Nous voulons reconstruire une relation de confiance fondée sur la transparence et la responsabilité : présenter des programmes réalistes, rendre des comptes et impliquer davantage les citoyens dans le suivi des politiques locales et nationales.
Nous savons que regagner la confiance ne se décrète pas : cela se mérite sur le terrain par des actes concrets. Notre ambition est de prouver, circonscription par circonscription, que le PDG reste le parti capable de transformer les attentes des Gabonais en réalisations tangibles, dans le respect des règles démocratiques et du pluralisme politique.
En termes de nombre de sièges quelle fourchette visez-vous au Palais Léon-Mba et dans les Conseils locaux ?
- Nous avons investi des candidats sur presque tous les sièges parce que nous croyons en notre capacité à représenter chaque Gabonais. Bien sûr, nous avons des ambitions élevées, mais nous restons lucides : il ne s’agit pas de donner des chiffres irréalistes, mais de montrer notre détermination.
Nous vous l’avons dit depuis le départ, notre volonté est de demeurer un parti de pouvoir de manière à faire valoir nos idées et notre expérience au profit de la construction du nouveau Gabon. Cette situation nouvelle, à l'orée de la Ve République est un plus pour la maturité de notre processus démocratique et de nos institutions. Notre objectif est de se prêter au jeu démocratique qui consiste pour chaque parti à présenter ses propres idées et arguments pour convaincre la population. Nous restons fermement attachés à la nécessité de mener un débat qui porte sur les idées et les espérances légitimes de chaque parti politique, plutôt que sur des arguments spécieux, la négation de l’autre, comme on l’observe depuis quelque temps.
Mais au-delà de cela, notre enjeu majeur est de regagner la confiance des électeurs circonscription par circonscription, en prouvant sur le terrain que le PDG a su écouter, se renouveler et se rapprocher des réalités des Gabonais. Cette campagne n’est pas une course aux pourcentages : c’est une reconquête du lien de confiance. Si nous faisons bien notre travail, je suis convaincu que les résultats dépasseront les pronostics et montreront que le PDG reste une force incontournable pour la stabilité et le développement de notre pays.
Pour conclure, quel est votre message à l’endroit des populations et de vos militants ?
- Je veux m’adresser avec toute la clarté et la sincérité possibles aux Gabonaises et aux Gabonais, ainsi qu’à tous nos militants. Aux populations, je dis ceci : le PDG reste à votre écoute. Nous avons entendu vos attentes et vos préoccupations et nous venons devant vous avec un projet concret, réaliste et porteur d’avenir. Notre ambition n’est pas seulement de gagner des sièges, mais de vous représenter avec responsabilité, proximité et engagement. Nous voulons être vos partenaires pour bâtir un Gabon stable, prospère et solidaire.
À nos militants, je dis : soyez fiers de votre parti, mobilisés et déterminés. Nous avons une longue histoire, marquée par des réussites, mais aussi par des leçons à tirer. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de montrer que le PDG sait se réinventer, se rapprocher des citoyens et défendre ses idées avec conviction. Chacun d’entre vous a un rôle à jouer, circonscription par circonscription, pour convaincre et rassembler.
Enfin, je rappelle à tous que notre force vient de notre unité et de notre engagement au service du Gabon. Ensemble, faisons de cette campagne un moment de dialogue, de respect et d’action concrète pour le bien de notre pays. Le PDG est là, fidèle à son histoire, tourné vers l’avenir, et prêt à relever les défis du Gabon de demain.
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