Selon la Note de conjoncture sectorielle publiée en mai dernier par la direction générale de l’Économie et de la Politique fiscale (DGEPF), la production nationale de manganèse, mesurée par son indice, a progressé de 20.0%, au premier trimestre 2025, portée par un léger rebond de la demande mondiale, notamment avec une hausse de 1.0% de la production mondiale d’acier au carbone par la Chine et de 8.0% en Inde. Toutefois, en glissement annuel, l’activité enregistre une contraction de 6,9%, en lien avec la persistance de contraintes opérationnelles et logistiques au port d’Owendo à la fin de l’année 2024, aggravées par un mouvement social.
Si à côté de ces données, on place la décision du gouvernement de cesser d’exporter du manganèse brut d’ici à 2030, il est alors possible de comprendre l'intérêt affiché récemment par les Emirats arabes unis, le Japon et l'Inde pour le manganèse gabonais (dont la production a atteint 4,6 millions de tonnes en 2024).
Pour le Gabon, l'objectif est de capturer plus de valeur ajoutée sur place, créer des emplois et réduire sa dépendance à l’exportation de matières premières non transformées. Pour le président Brice Clotaire Oligui Nguema, le pays a donc besoin d'affirmer sa souveraineté économique, de renégocier les termes des accords miniers et de diversifier les partenaires stratégiques. Mais surtout, de réduire une dépendance aux fluctuations des prix mondiaux et à la pression étrangère.
Pour le Japon, les Émirats et l'Inde (s'ils ont indiqué, plus ou moins, vouloir construire une raffinerie de manganèse et développer une zone industrielle minière), l'intérêt est tout autre. Japonais et Indiens, qui sont de gros producteurs d'acier (principal marché d'application avec 90 % de manganèse consommé), et Émiratis veulent simplement sécuriser leur accès à un minerai important et stratégique. Pour rappel, le manganèse est un élément clé pour l’industrie sidérurgique, les technologies modernes, en particulier pour les batteries lithium-ion, ou encore l'agriculture et même la pharmacie, rapporte Eramet. Et le groupe français justement ?
De son côté, Eramet ne veut pas perdre sa situation de quasi-monopole dans le secteur du manganèse gabonais et a déjà préparé une riposte. Pour répondre à la nouvelle exigence du président Oligui Nguema, le groupe a créé un poste de directeur Transformation et nommé Clément Jakymiw pour développer la chaîne de valeur locale. Il devrait superviser la construction d'une nouvelle usine de transformation locale de ce minerai.
Dans tous les cas, toutes ces démarches confirment au moins la crédibilité des réformes engagées par le Gabon.
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