Secteur informel : ces autres dispositifs de l'État pour en diminuer l'importance

Depuis plusieurs mois, de nombreux dispositifs nouveaux et concrets ont été mis en place au Gabon pour soutenir spécifiquement les jeunes entrepreneurs. L'objectif étant de faire grandir les uns et faire sortir les autres du secteur informel. L'une des initiatives la plus récente reste la mise à disposition d'un fonds d’aide à l’entrepreneuriat des jeunes et aux agriculteurs d’un montant de vingt-cinq milliards de FCFA à la Banque pour le commerce et l'entrepreunariat du Gabon (BCEG) pour encourager l’auto- employabilité des jeunes afin de les sortir du chômage avec un taux d’intérêts préférentiels de 5%.

"Au regard du faible engouement constaté, j’invite à nouveau la jeunesse à sortir de la passivité pour saisir les opportunités qu’offrent les différents secteurs qui attendent d’être mis en valeur par les entreprises gabonaises", avait indiqué le président Brice Clotaire Oligui Nguema lors de son discours à la Nation.

Ce soutien est divisé en deux. Le premier Fonds est de 20 milliards F CFA et est dédié aux jeunes porteurs de projets. Lancé officiellement mi-avril 2025 par Oligui Nguema, il financera des projets dans tous les secteurs (services, techologie, industrie, culture, artisanat…). Il y aura une sélection rigoureuse avec accompagnement (formation, incubateurs, etc.). Le second fonds, doté de 5 milliards de FCFA, est quant à lui réservé aux agriculteurs et éleveurs. Leurs conditions d'attribution sont similaires, c'est-à-dire que les prêts sont à taux préférentiels (3-5 %), adossés à une exonération fiscale et un remboursement obligatoire.

Du 31 mars au 5 avril dernier, sous le parrainage du président de la République, le C’BON Numerik Tour 2025 a sillonné Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum. Porté par Synergie des jeunes entrepreneurs gabonais (SJEG), une association à but non lucratif dont l’objectif est de promouvoir le numérique, l’entrepreneuriat et la reconversion professionnelle, il a mis en exergue la nécessité de continuer à sensibiliser les jeunes au numérique.

À cet effet, et indépendamment de ce projet, le 16 août passé, le chef de l'État a annoncé qu'un programme de digitalisation massive serait lancé dès 2026. Il s'agira d'équiper 10 000 jeunes entrepreneurs en ordinateurs et outils numériques. Pour que le Gabon soit positionné "comme un acteur dynamique dans l’économie numérique".

DIGITALISATION ET CONCOURS

Dans la même veine, en mars dernier, l'Agence nationale de promotion des investissements du Gabon (ANPI-Gabon) a lancé, avec l'appui du Fonds des Nations unies pour le développement du capital (UNCDF), la deuxième phase de la Campagne ANPI Mobile à Owendo. Ce programme concerne plus de 30 000 opérateurs économiques issus du secteur informel. L’ANPI-Gabon et l’UNCDF sont déterminés à amener vers l’économie formelle ces opérateurs économiques exerçant dans l’informel et à les bancariser par le biais des services financiers numériques fournis par Moov Africa Gabon Telecom, Clikpay Gabon et Airtel Money Gabon.

Pour ratisser large, le gouvernement a lancé en juin dernier le Grand prix national de l’entrepreneuriat "Oser mon projet". Organisé par le ministère de l’Entrepreneuriat, du Commerce, des PME-PMI, il cible de jeunes Gabonais de 18 ans et plus, avec un projet structuré ou un prototype. Les 10 lauréats sélectionnés bénéficieront d'un accompagnement technique personnalisé, d'un appui financier direct et d'un accès facile au crédit, d'une visibilité nationale et d'un coaching en gestion/marketing. Son dénouement est prévu pour aujourd'hui.

Outre les vingt-cinq milliards de FCFA déposés à la Banque pour le commerce et l'entrepreneuriat du Gabon, pour encourager l’auto-employabilité des jeunes, le gouvernement multiplie les dispositifs spécifiques : concours national, digitalisation de masse, fonds agricole, partenariats privés. Une stratégie cohérente pour structurer, financer et visibiliser l’entrepreneuriat des jeunes à long terme, diminuer l'importance du secteur informel et capter les milliards qui échappent encore au budget national.