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Société & Culture

Affaire Africa Rail: la tutelle promet des " sanctions exemplaire "

Affaire Africa Rail: la tutelle promet des " sanctions exemplaire "

Depuis plusieurs jours, un climat de tension règne au sein du Ministère du Travail, du Plein Emploi et du Dialogue Social, ébranlé par la grève déclenchée en réaction à ce que des organisations syndicales qualifient de " licenciement abusif " de 102 employés de la société Africa Rail. Un dossier explosif qui a rapidement enflammé l’opinion publique et mobilisé les travailleurs du secteur ferroviaire, contraignant la tutelle à sortir du silence pour clarifier sa position.

Dans un communiqué de presse publié ce 28 mai 2025, le ministère du Travail est revenu point par point sur les éléments de l’affaire, dans le but d’apaiser les tensions et rétablir ce qu’il considère comme la « vérité administrative » du dossier. Selon cette communication officielle, l’administration aurait agi conformément aux textes en vigueur, en assurant le suivi strict des différentes étapes de la procédure engagée par Africa Rail.


Tout commence le 10 décembre 2024, lorsque la société Africa Rail, évoquant des difficultés économiques, sollicite un avis de chômage technique pour 200 de ses salariés, sur une durée de trois mois. Une demande validée par l’Inspection spéciale du Travail le 27 décembre. À la fin de cette période, le 27 mars 2025, l’entreprise revient à la charge, cette fois pour une demande de licenciement économique.

Mais coup de théâtre : cette nouvelle requête est rejetée le 24 avril par le Ministère pour « absence de plan social », une exigence réglementaire incontournable. Malgré ce premier refus, Africa Rail introduit un recours gracieux le 28 avril, qui aboutit le 6 mai à une autorisation administrative de licenciement. Entre-temps, un échéancier de paiement des indemnités a été conclu entre les parties.

Pour les syndicats et les employés concernés, cette séquence administrative ne saurait justifier ce qu’ils dénoncent comme un processus brutal, opaque et déconnecté des réalités humaines vécues par les travailleurs. L’absence de consultation préalable, le non-versement de certains salaires et la présumée dissimulation de documents de rupture alimentent les soupçons d’une gestion peu orthodoxe du dossier.

Face à la montée de la grogne sociale, le Ministère a réaffirmé son attachement aux valeurs de justice sociale et au strict respect du Code du Travail. « Si les faits évoqués – absence de procédure formelle, non-paiement des salaires, usage abusif de la force, dissimulation de documents – sont confirmés, des sanctions exemplaires seront prises », assure le communiqué, qui se veut à la fois ferme et rassurant.

L’exécutif, incarné par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, dit faire de la lutte contre la précarité une priorité. À ce titre, la situation des 102 salariés d’Africa Rail devient un test de crédibilité pour le gouvernement, sommé de prouver sa capacité à défendre les droits des travailleurs dans un contexte économique particulièrement tendu.


Alors que les grévistes maintiennent la pression et que plusieurs syndicats menacent d’élargir le mouvement à d’autres secteurs, la réponse du ministère, bien que structurée, pourrait ne pas suffire à désamorcer totalement la crise. Le climat social, déjà fragilisé par d’autres conflits latents dans la fonction publique et le secteur privé, risque de se détériorer si des réponses concrètes ne sont pas rapidement apportées aux travailleurs concernés.

Dans les jours à venir, l’évolution de cette affaire sera scrutée de près. Car au-delà du cas Africa Rail, c’est la crédibilité de l’État comme garant du droit du travail qui est en jeu.

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