Le procès des dix coaccusés de Sylvia Bongo Valentin et de son fils Noureddin, encore appelés la "Young Team", s’est ouvert hier dans une salle comble, au lendemain de la condamnation des deux principaux inculpés. Cette audience, qui doit se poursuivre aujourd'hui, a commencé à mettre en lumière les mécanismes d’un système financier présumé opaque, au coeur duquel figuraient des personnes très proches de l’ancien pouvoir.
La lecture de la lettre de renvoi par la greffière a servi de fil conducteur à cette première journée de débats. Les révélations les plus marquantes ont concerné les sommes colossales en jeu et les circuits de financement décrits. Ainsi, il est mentionné que Mohamed Ali Saliou, ancien directeur adjoint de cabinet d’Ali Bongo, gérait un budget de fonctionnement de 600 millions de FCFA pour les primes de cabinet. À cela s’ajoutaient des bonus pétroliers personnels oscillant entre 200 et 250 millions de FCFA par mois, ainsi que des primes discrétionnaires avoisinant les 80 millions.
L’affaire a pris une autre dimension avec l’évocation du cas de Yann Ghislain Ngoulou, présenté comme un homme clé de Noureddin Bongo. La découverte de 7 milliards de FCFA à son domicile a suscité l’émoi. Comme Mohamed Ali Saliou, il percevait des bonus pétroliers et des primes fixes. Le Ministère public a souligné le caractère illégal de ces gestions. Car, ni Mohamed Ali Saliou ni Yann Ngoulou n’avaient, selon l’accusation, la qualité de gérer de l’argent issu des contrats pétroliers qui devait être reversé au Trésor public. Et pour justifier leurs actes, les principaux accusés affirment avoir agi avec la bénédiction d'Ali Bongo, mais sans en apporter de preuve tangible.
Le système mis en place est pointé du doigt pour son opacité. L’argent transitait par des comptes dits privés, mais qui étaient en réalité renfloués par l’État et gérés par le Trésorier payeur général (TPG) d'alors, créant ainsi volontairement un terrain favorable à toute manipulation financière. La justice y voit une forte présomption de détournement de fonds publics. Les débats ont également permis de préciser les charges retenues contre chacun. Pour Jessye Ella Ekogha, ancien porte-parole de la présidence, et Abdoul Oceni, les faits de complicité de détournement ont été requalifiés en recel de détournement, la justice estimant qu’ils n’avaient pas préparé l’infraction mais en avaient bénéficié via des primes exceptionnelles.
À l’inverse, pour d’autres comme Steeve Nzegho Dieko ou Cyriaque Mvourandjiami, la justice a reconnu qu’aucun élément ne relevait leur implication directe dans des détournements. L’ancien directeur général des Impôts, Otha Ndoumba, n’est quant à lui pas inquiété pour détournement, mais pour être parti avec un ordinateur de l’État à la fin de sa mission. Les accusations de faux et usage de faux, initialement imputées à Yann Ngoulou, Mohamed Ali Saliou et Noureddin Bongo Valentin ont été écartées par le juge pour insuffisance de preuves mais requalifiées en usurpation de fonctions.
Parmi la dizaine de prévenus figurent également Jordan Camuset, présenté comme un homme de main de Noureddin, et Gisèle Yolande Mombo, belle-mère de Yann Ngoulou et ancienne directrice administrative et financière de l’Hôtel de Ville. Les charges sont lourdes et variées : corruption active, blanchiment de capitaux, et pour la quasi-totalité, association de malfaiteurs. Les peines prévues pour ces infractions vont de 5 à 20 ans de prison.
Alors que le jugement de Sylvia Bongo Valentin et de son fils est déjà connu, l’attention se porte désormais sur le verdict qui sera rendu à l’encontre de leur cercle rapproché.
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