Le tribunal de Libreville a vécu au rythme haletant des plaidoiries de la partie civile, samedi, avant une suspension inattendue hier, dimanche. Les avocats de la défense, estimant ne pas avoir eu suffisamment de temps pour préparer leurs plaidoiries, ont sollicité un report. Le président de la Cour a donc accordé une suspension, reportant les ultimes arguments à ce lundi.
Samedi, la parole était essentiellement à l’accusation. Me Norbert Issialh, avocat de l’État gabonais, a ainsi dressé un tableau accablant de la gestion du pays sous l’ancien régime. " On a eu la confirmation de ce qu’on voit tous les jours. Routes dégradées, hôpitaux dégradés, déficit d 'écoles " , a lancé l'ancien bâtonnier, résumant le sentiment d’abandon des populations.
Selon lui, le pays a été mis en coupe réglée dès 2009," d’abord sous l’influence de Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, puis par la bande à BLA et, pour parachever le système, par la bande à Nourredin ", en référence à Nourredin Bongo Valentin, fils de l’ancien chef de l’État.
Le coeur de l’accusation repose sur des détournements massifs et un clientélisme érigé en système de gouvernance. Me Issialh a détaillé des primes et bonus versés sans justification, puisant directement dans le Trésor public. "Des agents qui perçoivent, malgré des salaires et avantages en nature, des primes de 20 à 80 millions par mois ? Des bonus pétroliers de 500 millions par individu. Des primes de 2 milliards, parce que seulement ils sont amis du prince Nourredin", a-t-il fustigé. L’avocat a même révélé que leur parti politique recevait 2,5 milliards de francs CFA par an sur le compte de l’État.
Ces fonds, selon l’accusation, ont alimenté un train de vie démesuré. Les accusés auraient acquis des hôtels particuliers estimés à 1,5 milliard et posséderaient des montres de luxe valant 70 millions pièce, soit " le prix d'une maison pour une famille gabonaise confortable ", a indiqué l'avocat.
Me Issialh s’est aussi interrogé sur la nécessité d’un parc automobile totalisant 17 voitures. Me Agondjo, un autre avocat de la partie civile, a abondé dans ce sens, s’offusquant de la manière dont le pays était à la merci d’une bande de gamins, qui jouait avec l’argent de l’État gabonais.
Elle a souligné que l’octroi de ces largesses ne dépendait que d’une condition : " être dans les bonnes grâces des Bongo Valentin ". Cette idée a été renforcée par la référence à l’un des accusés, Ian Ngoulou, qui aurait lui-même reconnu avoir " agi comme un enfant sous les ordres de Nourredin Bongo Valentin ".
Face à ce constat sévère, les avocats de l’État ont demandé à la Cour de condamner chaque accusé à la hauteur des délits qui lui sont reprochés, s’en remettant à la sagesse de la Cour pour le quantum des peines.
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