Après deux ans d’exercice, l’Assemblée nationale de la Transition a clos ses travaux le 13 novembre. Aujourd'hui, les nouveaux députés feront leur entrée au Palais Léon-Mba pour élire le bureau de l’Assemblée nationale, dont le président. Ce dernier, selon le Règlement de cette Chambre du Parlement, est élu par ses pairs au scrutin uninominal secret à la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour et à la majorité relative au second tour.
Un système qui pourrait laisser la place aux négociations internes, aux alliances tacites voire des surprises de dernière minute même si le règlement précise qu’"en cas d’égalité de suffrages au second tour, le plus âgé des candidats est élu".
La composition du bureau devra refléter l’équilibre des forces politiques, ce qui suppose que les groupes parlementaires sont donc en pleine phase de discussions pour définir la ligne à suivre. Pour l’heure, aucun candidat officiel n’a émergé publiquement. Mais plusieurs scé- narios se dessinent en coulisses.
Certains envisagent la continuité avec Jean-François Ndongou qui bénéficie d’une expérience appréciée. Mais la fin de la Transition pourrait aussi ouvrir la voie à une nouvelle figure, pleinement alignée sur les ambitions de la nouvelle République.
En clair, un candidat de l'Union démocratique des bâtisseurs (UDB), désormais central et occupant environ 70 % de cette Chambre du Parlement. Il pourrait chercher à placer un profil loyal, afin d’assurer la cohésion entre exécutif et législatif à moins de miser sur un profil de
consensus.
Un candidat neutre, provenant peut-être d’une province jusqu’ici peu représentée au perchoir, pourrait incarner un signal d’ouverture car au-delà des dynamiques partisanes, un autre paramètre attire l’attention : l’origine provinciale du futur président.
De Louis Émile Bigman à Richard Auguste Onouviet en passant par Faustin Boukoubi, historiquement, le perchoir a été occupé majoritairement par des personnalités de l’Estuaire, puis du Moyen-Ogooué, de l'Ogooué-Lolo, une fois par un élu de l’Ogooué-Maritime et, durant la Transition, par un représentant de la Ngounié.
Ce balancement géopolitique, jamais officiellement codifié mais bien réel, a souvent servi de baromètre symbolique pour mesurer les équilibres internes du pouvoir. La nouvelle législature prolongera-t-elle cette tradition ? Le prochain président s’inscrira-t-il dans l’un de ces schémas ou ouvrira-t-il une nouvelle case dans la cartographie politique du pays ? Qui va rafler la mise ? En l'absence d'indication officielle, les supputations vont bon train.
En tout cas, l'élection du PAN sera l’un des premiers marqueurs politiques forts de la nouvelle législature. Elle dira beaucoup de la vision institutionnelle voulue par les autorités : stabilité, renouvellement, rééquilibrage territorial, ou compromis politique. Verdict attendu ce 17 novembre.
Entre continuité et rupture, provincialisme implicite et enjeux nationaux, le Gabon s’apprête à dévoiler le premier visage qui symbolisera sa nouvelle gouvernance.
random pub
