Libreville, il est 7 heures du matin. À peine embarqué dans un bus de transport au PK 7 à destination de Mekambo, dans la province de l'Ogooué-Ivindo, Fiacre, le conducteur, sait, par habitude, que le voyage sera long, mouvementé, plein d'embûches et très stressant. Donc pénible ! "Nous allons effectuer l'un des plus longs voyages du pays, sur une route qui n'existe que de nom", avertit-il.
Ce jour-là, nombreux sont ceux qui prennent la route au départ de Libreville pour atteindre cette localité de l’arrière-pays dont l'isolement n'a d'égal que la faiblesse des mots pour décrire son enclavement. Qu'à cela ne tienne, étant en période de grand rush électoral, nombreux sont les ressortissants qui s'y rendent. Au nombre des passagers, Nelle, une jeune femme qui, accompagnée de sa soeur, effectue pour la première fois un si long voyage, à la découverte de Mekambo via Makokou.
Mais l'illusion d'un bon voyage plaisant – sur le trajet bitumé – cède aussitôt la place au stress une fois sur la route en latérite. Le trajet est pénible entre la traversée des grottes, le contournement des blocs de béton et les déviations à n'en point finir, résultant des travaux qui sont entrepris. Cas de la livraison qui se fait attendre depuis 3 ans du linéaire Libreville-Ntoum.
Plus loin, entre Bifoun et Ndjolé, la route s'apparente à un "chemin de croix" au regard des crevasses et autres trous béants visibles tout le long du trajet. Et il faut environ 4 heures pour atteindre Ndjolé, chef-lieu du département de l'Abanga-Bigné, situé pourtant à une centaine de kilomètres seulement.
La circulation est tout aussi difficile à cause des croisements à haut risque de gros-porteurs qui imposent leur diktat sur cette route au départ dangereuse car hautement sinueuse et au relief montagneux, fait de talus et autres ravins. Il faut donc faire preuve de dextérité, de vigilance et de discipline au volant. Car ce tronçon est réputé accidentogène. Un cimetière à ciel ouvert ! À en juger par les épaves des véhicules accidentés.
C'est dans une angoisse couplée de lamentations que les nombreux passagers arrivent enfin à Ndjolé. L'escale au marché de la localité et l'ambiance qui y règnent vont quelque peu dissiper la peur nourrie entre-temps.
Le trajet qui suit, entre Ndjolé-Lalara-Ovan, le plus long, mais sur une route bitumée et donc assez confortable, apaise considérablement les craintes. Le paysage est magnifique, car une partie longe le fleuve Ogooué. La verdure de la forêt est aussi d'une beauté incroyable. Les passagers sont au comble de leur émerveillement, car ils en ont pour leurs yeux.
Puis patatras ! Retour à la case départ car le confort va brusquement s'estomper après Ovan, chef-lieu du département de la M'voung (Ogooué-Ivindo). Les kilomètres qui séparent cette destination de Makokou, sont à amorcer avec prudence à cause des travaux qui sont menés. C'est à la nuit tombée que les passagers aperçoivent enfin les lumières de Makokou. On peut respirer.
Le lendemain matin, le périple reprend. Il faut maintenant parcourir l'axe Makokou-Mekambo. "Ici, cette route n'est pas l'amie de quelqu'un", prévient un autre passager ressortissant de Mekambo venu faire ses courses à Makokou. Sa manière de dire que le trajet de 180 km n'est pas facile.
Entre la végétation sauvage qui tend à envahir cette route complètement défoncée, qui manque d'ensoleillement, le risque est grand qu'au moindre crachin l'on se retrouve horspiste. C'est le récit d'une odyssée qui méritait d'être vécue, pour se convaincre des difficultés à rallier Mekambo en partant de Libreville.
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