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Faits divers & Justice

Un grabataire meurt dans l'indifférence

Allongé à l'ombre d'un cocotier, l'homme dépérit chaque jour qui passe.

Il était comme vidé de sa substance, gisant allongé à l'ombre précaire d'un cocotier dans cet espace de terrain coincé entre le ministère de la Défense et la rue Louis Philippe Biyoghe débouchant sur le prestigieux boulevard de la Nation, dans cette partie du 3e arrondissement de Libreville. Comment s'était-il retrouvé là en cette matinée du 24 septembre 2025 ? Et quelle était son identité ? Personne ne sait. Même si certains soutiennent l'avoir entendu échanger quelques mots ipunu avec la foule de badauds, qui s'interrogeait sur sa présence matinale en ce lieu.

Hier, mardi 30 septembre 2025, on l'a retrouvé mort au petit matin. Emporté sans doute par la forte pluie qui s'est abattue toute la nuit sur son frêle corps quasi dénudé et décharné, gisant non loin des ministères de la Défense et des Affaires sociales depuis près d'une semaine. Cette issue regrettable était prévisible. Tout le monde savait que si rien n'était fait au fil des jours qui s'écoulaient, il passerait de vie à trépas, tellement sa détresse était grande.

Durant tous ces jours, l'homme vivait de la générosité d'un jeune cordonnier riverain et d'une charitable dame du voisinage, qui lui offraient
de temps en temps repas et eau. Était-ce suffisant pour le régénérer ? C'est davantage de solidarité dont cet homme avait visiblement le plus besoin. Et de soins de santé aussi. Très peu de passants (nombreux à cet endroit- là) ne semblaient lui accorder l'intérêt que sa situation méritait.

Pis, certains ironisaient sur son sort, lui lançant des railleries assassines. "C'est un sorcier dont le carburant est terminé en plein vol pour rallier son domicile, et c'est ici qu'il a atterri...", moquaient certains d'entre eux. Illustration de toute l'indifférence à son égard. Son souffle (même ralenti) aurait pu être entendu des services du ministère des Affaires sociales situés juste de l'autre côté de la rue où il agonisait.

Mais cette proximité est demeurée infructueuse... Déjà, il n'arrivait plus à se dresser sur son séant les jours précédant son décès. C'était une question de vie d'homme face à l'indifférence des hommes. Et surtout de la dignité humaine.

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