L'Union : Madame la présidente peut-on savoir ce qui motive votre candidature ?
- Nicole Asselé : Depuis l'année dernière, certains joueurs et encadreurs, aussi bien à l'intérieur du pays qu'à Libreville m'ont sollicitée pour que je revienne à la Fégahand. N'oublions pas que je ne suis pas partie lors d'une élection, je suis partie pour une question d'éthique parce que j'estimais que je ne pouvais pas être en même temps ministre des Sports et présidente d'une fédération. J'étais le ministre de tous les sports, donc je me suis retirée. Derrière moi, il y a eu le Covid, c'est vrai, mais entre-temps, il n'y a pas eu beaucoup d'activité au niveau fédéral. Aujourd'hui, j'ai beaucoup plus de temps, donc je me suis dit pourquoi pas, mais il faut savoir que je n'ai jamais été loin du handball. J'ai quand même un club et j'ai mis en place une académie qui a tenu pendant trois ans, mais comme il n'y avait pas de compétition, j'ai dû laisser cette académie.
Vous avez à plusieurs reprises dirigé la Fégahand. Vous sollicitez de nouveau les suffrages des délégués. Ne pensez-vous pas que c'est le mandat de trop ?
- Je ne pense pas ! J'ai grandi dans ce sport, j'ai fait toutes mes classes dans ce sport. J'ai été joueuse, capitaine de l'équipe nationale, j'ai joué à l'étranger, j’ai été entraîneur, arbitre, dirigeant de club, présidente de la ligue de l'Estuaire, présidente de la fédération, présidente de la Commission médicale et secrétaire générale de la Confédération africaine de handball et représentante Afrique au sein de la Fédération mondiale. Nous avons eu l'héritage d'organiser en 2018 la CAN, de nous qualifier pour les Mondiaux cadets en 2011 puis juniors en 2013. La vision qu'on avait mise en place commençait par la formation, la compétition et puis la performance. Et c'est ce que nous avons fait. Logiquement, après 2018, même si le Covid est passé par là, il n'y a pas de raison pour nous de dégringoler autant. Nous n'avons plus de paires d'arbitres IHF lors des finales continentales, plus d'entraîneur qualifié pour diriger une équipe en compétition africaine, il faut louer un entraîneur. C'est inadmissible. Comment on a pu en arriver là ? Ce n'est pas le mandat de trop. Je félicite d'ailleurs ces ligues qui se sont battues à continuer à faire des compétitions, et je me suis rendu compte que la majorité de ces jeunes qui se battent aujourd'hui, c'est le Pôle Cadets de 2000. Ils sont en train d'essayer de réorganiser le handball. En tant que mère, il faut donc que je vienne les aider et par la suite, ils vont reprendre le témoin. Ils ont besoin d'une personne qui connaît les rouages du handball, aussi bien national qu’international.
Est-ce que vous avez le sentiment de représenter la panacée et quelles sont vos chances de revenir à la tête de la fédération ?
- Moi, je ne parle pas de chance et je ne parle pas d'écoute. Je rappelle que ce sont les jeunes qui m'ont sollicitée. Êtes-vous sûrs de vouloir que je revienne est la question que je suis allée leur poser à Port-Gentil. Pareillement à Mouila. Et même des personnalités qui m'ont appelé, parce que vous savez que le handball faisait vivre Mouila. Parce que quand vous avez 580 personnes qui viennent pendant 10 jours dans une ville, c'est l'économie de la localité qui y gagne…
… et que pensez-vous apporter de neuf ?
- Si je reviens au poste ce samedi, la première chose que je veux faire, c'est un état des lieux de la fédération. Pour au moins voir ce qu'il y a exactement sur le plan national. Et après avoir fait le point, j'irai solliciter une séance de travail avec le bureau de la Confédération africaine du handball pour voir dans quelle mesure régler certains problèmes, surtout dans le cadre de l'encadrement technique. Voir comment on peut faire des stages de passage de grade, des stages de passage de licence d'entraîneur au Gabon. Je vais d'abord m'appuyer sur la formation des encadreurs, la formation des formateurs. Mais aussi s'activer pour que Manga et l'équipe nationale participent aux prochaines compétitions continentales. Nous avons aussi pour ambition de relancer le Pôle Cadets. Mais cette fois en version externe. Nous allons revoir aussi nos textes revus en 2025 et où il y a eu beaucoup de choses qui, normalement, ne devraient pas être là. Il faut nous assurer que nous sommes conformes à la Fédération internationale.
La situation actuelle n'est-elle pas aussi le fait d'un manque de renouvellement des hommes dans l'appareil fédéral et les dirigeants de clubs ?
- Non, je pense qu'il y a eu ce qu'on appelle au Gabon, quand quelqu'un part, l'autre arrive, ce que l'autre a fait, on casse, on veut tout refaire à zéro. Je crois que c'est ce qu'il y a eu. Parce que quand je pars, je laisse le Pôle Cadets. Pourquoi n'ont-ils pas continué avec ce Pôle Cadets ? Je n'ai jamais dit que j'étais parfaite, mais s'il y a quelque chose de positif que j'ai laissé, il fallait continuer à le développer ou du moins maintenir. Malgré le Covid, M. Makila, qui a pris ma suite, a eu sous son mandat deux Coupes du Gabon et autant de championnats semi-pros. Or, on constate que depuis 2021, il n’y a aucune compétition fédérale. Cela m'amène vers la question du collège électoral. De quoi sera-t-il fait ? Parce que le collège électoral est composé des clubs qui participent aux compétitions fédérales. Pendant quatre ans, il n'y a pas eu de compétition. Va-t-on s'appuyer sur le collège électoral qui a élu le bureau sortant, sachant il y a des clubs qui n'existent plus ou se sont ajoutés dans les ligues ?
Quid de l'utilisation par les sportifs du Palais des sports de Libreville que l'on pourrait associer à votre héritage ?
- Le Palais des sports de Libreville est l'héritage du handball. C'est parce que le Gabon avait obtenu l'organisation de la CAN de handball 2018, que nous avons poussé pour la construction de cet outil moderne et qui devait aussi abriter les sièges des fédérations de sports collectifs, en dehors du football. Ce Palais devait aussi permettre à nos sportifs de s'adapter aux réalités de la scène internationale. Je suis écoeurée de constater que si une fédération souhaite utiliser le Palais des sports pour une compétition, elle doit payer. Pourquoi ? C'est un palais public, pas privé. On peut le faire louer pour des concerts, des événements politiques, religieux et autres, mais pas à une fédération qui fait une compétition nationale ou à une équipe nationale préparant un rendez-vous international. Et puis où va l'argent de la location ? Est-ce qu'on reverse cet argent aux fédérations ? En tout cas, si je devais de nouveau organiser le championnat national ou la Coupe du Gabon, je les ferais disputer au Palais des sports et sans rien débourser.
Beaucoup de fédérations se plaignent du manque d'accompagnement de l'État pour justifier le fait qu'il n'y ait pas de compétitions domestiques. Comment feriez-vous sans cette aide ?
- C'est un faux débat. Parce que j'étais aux affaires dans toutes les arcanes du ministère des Sports, je connais les textes. Aucun texte ne dit que l'État doit subvenir aux activités d'une fédération. Les fédérations sont des membres et sont là pour accompagner l'État sur le plan social. C'est du bénévolat. La subvention ne constitue pas le budget annuel des activités fédérales. En tant que présidente fédérale, j'ai connu des années sans subvention. Là où l'État a l'obligation, c'est quand il s'agit d'une équipe nationale ou d'un club gabonais engagé dans une compétition internationale. Une fédération doit d'abord compter sur elle-même et ses partenariats. Il faut donc de la volonté, des projets bien établis et toujours trouver des solutions pour leur mise en oeuvre.
Votre mot de fin ?
- Nicole Asselé est une personne expérimentée et passionnée en matière de handball. Je demande à tous les délégués, pour ce samedi 2 août, de penser d'abord handball et de voter handball.
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