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Sport

Fabrice Do Marcolino ''Comment pourrais-je refuser d'aider un jeune gabonais talentueux ? ''

Fabrice Do Marcolino, recruteur référent Afrique et Post-formation de Lille. © DR

•L'Union. Le mercato d'été est ouvert depuis le 16 juin écoulé. Avez-vous un rôle à jouer au club de Lille pour lequel vous travaillez désormais ?

– Fabrice Do Marcolino. Le mercato se présente souvent sur plusieurs formes. Et dans une cellule de recrutement chacun a forcément sa partition à jouer. Mais selon les zones géographiques, les besoins ou projections ne sont pas les mêmes. Par exemple pour un joueur qui est en Europe, c'est pour intégrer l'équipe immédiatement. Dans mon rôle en Afrique, on recrute plus jeune dans des académies ou centres de formation, voire clubs via les sélections des jeunes. Un temps d'adaptation est souvent nécessaire. Il faut passer par la case réserve avant d'être jeté dans le grand bain. L''idée est de ne pas griller le joueur, car l'intensité, le rythme et les conditions ont changé d'un coup

Vous avez effectué plusieurs missions durant la saison. Pourrait-on quantifier les talents détectés ?

- C'est un travail sur la durée car il faut d'abord identifier, superviser, observer à plusieurs reprises puis décider de foncer ou pas. Parfois il faut aller vite du fait de la concurrence. J'ai fait signer deux joueurs cette saison pour Lille en provenance de l'Afrique. Sachant que je continue de suivre beaucoup d'autres déjà identifiés qui sont un peu plus jeunes car l'âge requis c'est 18 ans. Le but c'est d'avoir le temps d'avance sur les autres. Sachant qu'on ne peut pas faire signer dix joueurs africains par saison, deux joueurs c'est déjà bien. Donc ma marge de manœuvre est réduite donc il ne faut pas se tromper. D'où mes multiples observations.

Que gardez-vous de votre exp éri enc e ave c l e Stad e Rennais qui vous a mis le pied dans l'étrier pour devenir un superviseur ou détecteur de talents ?

- Le Stade Rennais est un club spécial pour moi. C’est là où j’ai été formé, où j’ai également signé mon premier contrat pro. La reconversion pour les footballeurs n’est pas évidente et dans le football les places sont rares. C’était donc un honneur et un privilège pour moi d’intégrer la cellule de recrutement du club où j’ai appris et me suis perfectionné dans le domaine du scouting des jeunes talents. Aujourd’hui à Lille mon rôle est différent car je ne fais plus les jeunes mais plutôt de la post-formation, en l'occurrence les joueurs U19, aux professionnels

Pourquoi votre collaboration avec l'AJ Auxerre n’est-elle pas allée plus loin ?

- Dans un club, la vision peut changer d’une année à une autre. Les résultats de l’équipe première affectent énormément l’organisation et les objectifs du club. Après être descendu en Ligue 2, Auxerre a décidé de changer d’approche sur la politique de recrutement du centre de formation où j'étais le responsable de la détection des jeunes sur le continent africain. Donc malgré mes hautes fonctions nous avons décidé en commun accord de nous séparer. C'est un métier qui demande beaucoup de sacrifices donc il faut être épanoui pour donner sa plénitude. Au regard de ce que j’avais effectué avec le Stade Rennais et ce que j’étais en train de mettre en place à l'AJ Auxerre, Lille est venue me chercher.

De nombreux compatriotes disent à tort ou à raison que vous ne vous impliquez pas beaucoup dans la détection des talents gabonais. Que leur répondez-vous ?

- Ce que je peux dire c'est qu'ils font fausse route. Lorsque je vais dans d'autres pays je vais en tant qu'invité pour des tournois de détection des joueurs d'un certain âge. Ce n'est pas moi qui crée l'événement. Et je réponds également aux prérogatives et aux objectifs à atteindre qui me sont assignés par mon employeur. Quand je vois des gens écrire que je ne viens jamais au Gabon, c'est un faux procès. Surtout sachant très bien depuis combien d'années le foot était arrêté chez nous. Comment pourrais-je refuser d'aider un jeune gabonais talentueux, sachant que dans le futur il viendra aider notre équipe nationale où je suis dans le staff actuel. ? Organisons plutôt bien le football des jeunes chez nous et les choses iront bien, parce que le Gabonais est talentueux et notre jeunesse ne demande qu'à jouer. J'ai même lu que je ne pistonne que mes enfants. Mais je vais vous dire une chose : c'est grâce à eux que je suis arrivé à Rennes comme recruteur car le club les voulait et il fallait me caser, vu leur jeune âge bien étendu. J'en ai profité pour faire mon trou et eux aussi. Et puis, il faut dissocier les choses : je ne suis plus au Stade Rennais mais eux y sont toujours et continuent d'avancer. Ils sont nés en France, donc forcement ils ont cette chance d'être sur place. Une dernière précision : je ne suis pas agent ou manager de joueur mais plutôt observateur recruteur. Ce qui n'est pas du tout compatible avec le rôle d’agent ou manager de joueur. Il m'arrive de donner des coups de main et d'orienter, de par mon expérience ou mon réseau très élargi et développé. C'était important pour moi d'apporter cette précision.

 

Quelles sont vos plus belles réussites dans les joueurs que vous avez détectés en Afrique et orienté vers les clubs pour lesquels vous travaillez ou avez travaillé en France ?

- Il faut savoir que c'est avec Lille que je ne fais exclusivement que l'Afrique. Mais dans mes clubs précédents, c'était la France en priorité et l'Afrique en second. C'est d'ailleurs pourquoi le rôle à Lille me plaît énormément, parce que je me retrouve beaucoup plus je suis dans mon élément. Je rappelle qu'à Rennes comme à Auxerre j'avais fait signer des jeunes talents qui sont pros aujourd'hui. Mon meilleur coup reste Carlos Baleba qui est aujourd'hui à Brigthon et international camerounais

Au niveau familial, quelle va être la suite pour votre progéniture, Alan notamment ?

- Mes enfants sont assez grands pour faire leurs choix. Même si de par mon statut de père et de mon vécu dans le football, je suis présent pour les conseiller et accompagner. Pour Alan, nous sommes en négociations et avions prit l'option de tenter une aventure hors de la France afin de lui permettre d'avoir plus de temps de jeu car il a besoin de jouer régulièrement pour performer. Son profil demande un peu de temps, mais je reste confiant. Ses deux frères, ils ont pour leur part fait une très bonne saison. Je sais que le meilleur est à venir.

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