Ce vendredi-là, le nouveau marché de Bitam, chef-lieu du département du Ntem, grouille de monde. On a presque oublié la polémique autour de l'espace qu'il occupe, l'ancien aéroport de "Bitam Nkoulou" (les étangs de Nkoulou, traduction littérale), un site hautement historique. Passons… Les femmes y écoulent, avec des fortunes diverses, une variété de produits tirés du sol, de l'eau et de la forêt.
Le site est bien aménagé. Mais semble étroit pour accueillir toutes les postulantes. La conséquence est que certaines commerçantes exposent les aliments à même le sol, sinon sur des plastiques et autres sacs de riz et de farine vides. Autant il y en a de celles-là qui se réjouissent de la taxe municipale descendue jusqu'à 200 FCFA, en fonction de la marchandise, autant d'autres se plaignent et affirment être lésées par ladite taxe.
Parmi elles, les vendeuses de tubercules de manioc, "Manihot esculenta" de son nom scientifique. Adèle, une septuagénaire de Konoville, et "Mama" Claudine de Medoumou-Effack, racontent les mêmes péripéties. "Nous ne tirons aucun bénéfice de nos ventes. Les gens que nous employons pour extraire les tubercules du sol pour les mettre dans les sacs exigent 2 000 F l'unité, les taxisbrousses fixent 1 500 F le sac, plus 1 000 F pour notre transport. Une fois au marché, la mairie nous taxe 400 à 500 F le sac. In fine, lorsque nous vendons le sac à 7 000 F, voire 6 000 F lorsque le marché est morose, nous nous retrouvons à zéro franc", confient-elles, dépitées.
Pour les 5 sacs qu'elle propose à la vente, Adèle n'avait pas encore de client au moment où midi sonne, mais l'agent de la mairie lui avait déjà remis deux tickets de 1 000 F qu'elle nous présente, en promettant de revenir plus tard récupérer son dû. Le souhait de ces femmes, aujourd'hui à la peine, est que leur tutelle leur fasse payer un ticket de 500 ou 1 000 F, quel que soit le nombre de sacs exposés, un peu comme leurs congénères qui écoulent le manioc en paquets. Ce serait aussi une façon d'encourager les nôtres à investir le commerce de proximité.
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