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Économie

Production de poulets de chair : chamboulement en vue

Le gouvernement veut booster la production avicole. © DR

Pour réduire les importations de produits avicoles de poulets de chair et booster la production nationale de cette catégorie, le ministère de l'Agriculture a demandé, dernièrement, aux éleveurs de poulets de chair, de poules pondeuses, aux producteurs de maïs, de soja et d'arachide, etc, de se faire recenser. De plus, ce département souhaite que les producteurs, les machinistes et les transformateurs qui ne dis- posent pas de documents officiels soient aussi enregistrés.

 

Afin de bénéficier ultérieurement d'un accompagnement administratif et technique adapté. L'opération de recensement a été lancée le 15 juillet et se poursuit jusqu'au 31 août prochain. En lisant le communiqué laconique du ministère de l'Agri- culture, il y a des points qui ne sautent pas tout de suite aux yeux. Malgré leur importance. Le plus évident est l'obtention d'un tableau plus complet du secteur avicole.

Pour le directeur général de l'Élevage, Jean-Jacques Mouyabi, c'est effectivement le principal objectif. “Ce recensement découle d'un diagnostic et d'une volonté des plus hautes autorités de ren- verser les tendances actuelles. Depuis plusieurs années, nous consommons 70 000 tonnes de poulets de chair annuellement et alors que nous ne produisons que 4 500 tonnes.

Il manque donc 65 000 tonnes que nous devons importer. Un chiffre qui donne, sur ce seul secteur, un taux de dépendance de 95 %. Il nous faut aussi connaître le nombre exact d'éleveurs de poulets de chair. Les données du dernier recensement de 2020 indiquent qu'ils étaient 228 sur les 3 500 acteurs de la filière. Nous voulons réactualiser les données. Notre démarche est de parfaire la cartographie nationale des éleveurs, des producteurs et des transformateurs des filières identifiées en vue d'améliorer la mise en œuvre de la stratégie des politiques de sou- tien au secteur avicole”, a-t-il expliqué. Ce recensement va donc avoir un impact indéniable.

Il va permettre des réajustements structurels et financiers, créer indirectement ou directement des emplois...Le premier élément indiquant ces réajustemnt a été la décision du présidentde la république  Brice Clotaire Oligui Nguema, au début du mois de juillet, de créer six fermes avicoles dans six provinces qui n'ont pas en- core été définies officiellement. L'objectif serait de produire 1,5 million de poulets par an. Ce qui est une première étape pour produire plus de 70 000 tonnes de volaille annuellement d'ici à 2027 pour combler le déficit national.

Ce simple communiqué rappelle qu'après une première phase d’annonces spectaculaires mais peu abouties, l’élevage de poulets de chair est passé d’une production informelle et quasi confidentielle (quelques milliers de têtes) à un objectif politique clair de substitution intégrale des importations d’ici à deux ans. Le rythme de croissance devra être exponentiel pour combler l’écart entre la demande et l’offre locale actuelle. Le recensement va permettre la création d'une base de données nationale sécurisée qui servira à calibrer les futurs plans d’aides (subventions, vaccins, intrants), répartir les futurs quotas de production ou encore anticiper les sites de future construction d’abattoirs semi-industriels. Cette décision d'interdire les importations de poulets de chair et le recensement des éleveurs sont un véritable séisme et annoncent la transformation, à marche forcée, de tout un secteur.

Car le gouvernement gabonais doit passer d’une simple interdiction à un écosystème avicole compétitif. Et pour y parvenir, il n'y pas d'autres voies que de définir des objectifs chiffrés : capacité d’abattage, volume d’aliments, nombre de poussins DOC, etc. ; créer un guichet unique pour l’agrément et les subventions afin que les dossiers d’investissement soient instruits en moins de 30 jours ; sécuriser les intrants et la santé animale ; définir une véritable chaîne du froid ; former des techniciens supérieurs en production avicole ou encore encadrer la transformation artisanale (rôtisserie, brochettes) afin de créer des emplois en mi- lieu urbain, notamment.

A côté de tout cela, il faudra prévoir la création d’un fonds d’investissement public-privé dédié à la transformation industrielle du secteur avicole, la mise en place de lignes de crédit préférentielles pour les éleveurs ou l’octroi d’incitations fiscales aux projets d’industrialisation. Toutes ces opérations pourraient générer plus de 50 000 emplois directs et représenter une opportunité pour les jeunes entre- preneurs.

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