L'agence de notation Fitch Ratings a abaissé, vendredi, la note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères du Gabon, la portant de CCC à CCC-, tandis que la note en monnaie locale a été abaissée de CCC à CC. Cette nouvelle n'est qu'un épisode dans une série débutée en août 2023, au soir du coup d'État qui a lancé le processus de Transition. En effet, depuis cette date, les notes du Gabon ne cessent de dégringoler.
A août 2023, Fitch et Moodys donnaient un B- comme note et un Caa1 pour les perspectives. À juillet 2024, Fitch dégradait sa note avec un CCC+. Il s'agissait de la première dégradation de l'agence qui redoutait une accumulation de la dette et une hausse des risques liés au remboursement. Le projet de loi de finances 2026 ne va pas rassurer les marchés puisque Fitch va, une nouvelle fois, abaisser la note liée à la monnaie locale à CC qui place le pays sous "haute surveillance".
Du coup, une question est sur toutes les lèvres : le Gabon est-il en péril ou en pleine renaissance ? Les dégradations successives de la note souveraine par l'agence Fitch Ratings, entre autres, et les conséquences pour le Gabon sur les marchés financiers ont fini par mettre en exergue deux visions, diamétralement opposées, de l’avenir du pays.
Justine Judith Lekogo, député de Franceville, fait partie de ceux qui pensent que Fitch révèle une réalité implacable. Pour elle, les dernières années ne sont que le résultat de "dysfonctionnements profonds" : un déficit budgétaire flirtant avec les 6 %, une dépendance pétrolière chronique et une dette qui s’alourdit. Elle ne voit aucun mal à un soutien du FMI qui permettrait de redéfinir un "cadre de discipline" nécessaire pour rassurer des marchés aujourd'hui fébriles.
Face à ces "sceptiques", d'autres préfèrent un autre narratif plus politique et teinté de souveraineté. Les notes des agences ? Rien d'autre que des "procès d’intention". Les partisans du "Gabon d'abord" disent que le gouvernement ne "triche" plus : les créanciers sont payés, aucun défaut de paiement n'a été enregistré depuis août 2023, les chantiers sont visibles dans les neuf provinces, chaque route ou dispensaire est l'image d'un État qui investit pour son peuple malgré la pression internationale, etc.
Pourtant, toutes ces prises de position ont un point commun : une inquiétude sur le futur du Gabon. Doit-il se conformer aux standards rigides de la finance mondiale pour survivre ou peut-il inventer sa propre voie sans se renier ?
Trouver un parfait équilibre sera un véritable défi pour le gouvernement dans les semaines à venir.
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