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Enquête

Conférence des leaders chrétiens : l'Église s'invite au débat de la citoyenneté

Le bureau de la Conférence présidé par le prophète Béni Ngoua Mbina (en rose)

Depuis la dernière élection présidentielle court-circuitée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), et même avant, le monde chrétien a décidé de sortir du bois pour prendre part au débat politique. Les chrétiens ont enfin compris qu'ils ne vivent pas en marge de la société ou dans une bulle. Qu'ils sont un maillon important de cette société et qu'en tant que citoyens à part entière, en sus de la prière, leurs avis et leurs actions sont déterminants pour rebâtir ce Gabon en déliquescence.

Depuis lors, le corps de Christ s'organise, participe à la décision et se prononce publiquement sur la marche du pays. Preuve, parmi tant d'autres, la création de la Conférence des leaders chrétiens ( confelec ) . Une plateforme pour réfléchir, de manière citoyenne, sur l'importance de l'Église dans la société et amener les chrétiens à s'approprier la notion de citoyenneté. La Confelec regroupe en son sein tous les leaders du corps de Christ. C'est un "centre d'échange des chrétiens citoyens pour promouvoir la citoyenneté", explique en d'autres termes son président, le prophète Béni Ngoua Mbina.

Collant à l'actualité nationale, marquée notamment par le projet de nouvelle Constitution et la prochaine consultation référendaire en vue d'adopter cette loi fondamentale qui fixera l'organisation et le fonctionnement de l'État au cours des prochaines années, les membres de la Confelec se sont d'ailleurs réunis dernière ment à l'Immeuble Arambo pour débattre des enjeux de ce nouveau texte, s'édifier mutuellement et se prononcer sur cette question qui cristallise les discussions tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières nationales. Le président Béni Ngoua Mbina a d'abord relevé que "la Constitution s'écrit selon l'histoire de son peuple, et celle-ci a été écrite par les Gabonais eux-mêmes".

Parmi les points saillants, cette nouvelle Constitution mentionne, entre autres, l'importance des valeurs (respect de la dignité humaine, bonnes mœurs, etc.), le fait de citer Dieu dans la prestation de serment, le mariage entre un homme et une femme, l'introduction des programmes d'enseignement de la Constitution dans les programmes scolaires, le foncier (réservé aux Gabonais), l'alternance politique, le référendum comme voie privilégiée pour modifier la loi fondamentale, etc. L'homme de Dieu est également revenu sur les conditions d'éligibilité qui, de son point de vue, valorisent et procurent respect à la fonction présidentielle : être Gabonais d'origine, avoir la nationalité unique et exclusive afin d'éviter les errements d'une nationalité pendant l'exercice de la fonction, et d'une autre lorsqu'il faut rendre des comptes. Nous avons souvent constaté que lorsqu'on vole l'argent public on est Gabonais, et lorsqu'on est rattrapé par la justice, on brandit la nationalité française ou autres…", ironise le président de la Confelec.

Être marié(e) à un(e) Gabonais(e) et âgée de 35 à 70 ans figure aussi parmi les critères d'éligibilité à la fonction suprême. S'agissant spécifiquement de l'âge, le président de la Confelec rappelle que cette disposition est tirée de la Constitution de 1991. "Ceux qui rejettent ça aujourd'hui sont les mêmes qui l'ont adopté en 1991", s'étonne-t-il. Pour l'apôtre Fernand Nguema, "la nouvelle Constitution gabonaise met en valeur la célébration réussie d'un riche patrimoine culturel et d'une civilisation". "Bénissons cette occasion de fierté nationale et avançons avec détermination et unité vers un Gabon plus brillant et plus prospère", s'est réjoui l'archevêque Jean-Baptiste Moulaka. La prophétesse Anna Claudine Ayo, elle, estime qu'à travers la nouvelle Constitution, "il est prévu la démocratie participative".

"J'invite tout le monde à voter (...), car nous n'avons plus le droit de reculer après les efforts que les dirigeants de la Transition déploient pour nous faire sortir du gouffre dans lequel nous sommes restés pendant des décennies", a plaidé le Dr Louis Mbadinga. Pour le pasteur Georges Bruno Ngoussi, "le projet de Constitution vise à instaurer la transparence dans la gestion des affaires publiques en évitant les abus de pouvoir. Il y est fait mention de la participation du peuple. Les institutions ne vont plus s'exprimer à la place du peuple. Sur la séparation des pouvoirs, ce principe est respecté. Nous notons la cohésion nationale très importante"

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