Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), a réagi, le 29 septembre passé, lors de la réunion du Comité de politique monétaire (CPM), sur la baisse des réserves de change qui a fait les gros titres des médias.
Pour rappel, la BEAC a vu plus de 1 000 milliards FCFA de ses réserves disparaître en deux mois. Pour tomber à 6 667,58 milliards FCFA au 16 septembre 2025, alors qu'elles dépassaient les 7 000 milliards. Le taux de couverture extérieure de la monnaie (qui mesure la capacité du franc CFA à être converti en devises étrangères) est donc passé de 69,8 % à 61,6 %, soit une baisse de 8,2 points.
Selon Ecomatin, le gouverneur justifie cette diminution par six facteurs. Il y a la fin des appuis budgétaires du FMI, le paiement du service de la dette et des grands chantiers, l'importation de produits essentiels (pétrole, médicaments, riz, blé, poisson), la détérioration des termes de l’échange (soit -13,4 %, due à la baisse des prix du coton, pétrole, bois), la hausse des transferts de dividendes des investisseurs étrangers, l'augmentation des transferts rapides et paiements liés aux soldes monétiques.
Yvon Sana Bangui a affirmé que son institution avait pris des mesures pour inverser la tendance. Il aurait commencé à revoir les compétences de certains techniciens et faciliter le dialogue entre différents opérateurs.
Même s'il admet qu'il faudra d'autres ingrédients pour inverser la tendance, le gouverneur de la BEAC reste optimiste. Il prévoit une remontée des réserves à plus de 7 100 milliards FCFA d’ici décembre 2025, et plus de 9 000 milliards FCFA en 2028. Sauf que cette affaire a dévoilé des failles assez importantes pour la BEAC. Pour une petite catégorie d'observateurs, la baisse brutale des réserves de change souligne la vulnérabilité de la Cémac aux chocs extérieurs.
Il a, en effet, fallu que le coton ou le pétrole connaissent un coup de moins bien pour que les réserves fondent comme neige au soleil. Il pourrait y avoir un impact sur la politique monétaire. La BEAC pourrait être contrainte de resserrer sa politique monétaire (avec une hausse des taux directeurs) pour freiner la sortie de capitaux et soutenir la monnaie.
Mais pour le moment, il n'est pas question de hausse des taux directeurs. La banque a ainsi décidé, lors de cette rencontre du CPM, de ne pas changer trois taux directeurs : le taux d'intérêt des appels d'offre reste fixé à 4,50 % ; le taux de la facilité de dépôt à 0 % et le taux de la facilité de prêt marginal à 6 %.
La crédibilité des perspectives de la BEAC va dépendre de la reprise des exportations, la stabilité des prix des matières premières et la discipline budgétaire des États membres.
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