Le présumé coupable

Session criminelle spécialisée : 8 ans de réclusion dont un avec sursis pour Renaud Allogho Akoué

RENAUD Allogho Akoué va poursuivre son séjour en prison. Hier, l'ex-directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) a été condamné par la Cour d'appel, siégeant en session criminelle spécialisée, à 8 ans de réclusion criminelle assortis d'un sursis d'un an. En détention préventive depuis le 27 novembre 2019, un petit calcul permet de conclure qu'il lui reste encore 4 ans à passer derrière les barreaux.

Après trois heures de délibération, la Cour criminelle spécialisée est parvenue à la conclusion que l'accusé a bel et bien commis les faits mis contre lui. En somme, que dès son arrivée, "il a mis en place un mécanisme de sortie injustifiée d'argent des caisses et autres comptes de cette structure de service public sous les rubriques des frais de missions, de dons et même des filets sociaux au profit d'associations et divers organismes dépourvus de personnalité juridique, ainsi que d'importantes malversations financières".

Selon le président de la juridiction précitée, Bertin Methomo, "il n'hésitait pas à s'octroyer des missions à l'intérieur du pays et hors du Gabon, pour lesquelles il était initiateur, ordonnateur, bénéficiaire et signataire, parfois sans ordre ni compte rendu". Mieux, citant l'enquête menée à cet effet par les Officiers de police judiciaire (OPJ), le magistrat a indiqué que l'ex-DG s'était rendu coupable d'une surfacturation avec des prestataires, sur les travaux d'aménagement des locaux de la Cnamgs dans les différents centres de santé.

Avant de se retirer pour délibérer, la Cour a accordé une longue période à l'accusation et à la défense pour leurs réquisitions et plaidoiries. Dans ce sens, pour la partie civile, Me Moutsinga s'est appesanti sur le détournement d'argent public. Pour accabler l'accusé, il a révélé un certain nombre de chiffres exorbitants décaissés, selon lui, frauduleusement à son initiative. Sa consœur, Me Agondjo, s'est plutôt focalisée sur le blanchiment des capitaux. Avant de réquérir, comme Me Moutsinga, la culpabilité de Renaud Allogho Akoué, et sa condamnation à la peine d'emprisonnement et la restitution de la somme de 10,675 milliards qui correspondrait au montant soustrait.

Le parquet général requérait l'absence de circonstances atténuantes, la culpabilité de l'accusé ainsi que sa condamnation à 12 ans de réclusion criminelle et à une amende de 20 millions de francs.

De leur côté, les avocats de la défense, Mes Martial Dibangoyi Loundou, Alicia Ondo et Jean Stéphane Eyoghe, ont relevé l'absence du rapport de la Cour des comptes sur ce dossier qui concerne la comptabilité publique et l'absence de preuves (lire ci-dessous). Aussi ont-ils plaidé, à titre principal, l'acquittement de leur client. Et, subsidiairement, de larges circonstances atténuantes ainsi que le bénéfice du sursis.

Finalement, la Cour criminelle spécialisée l'a reconnu coupable des crimes de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, tout en lui reconnaissant effectivement de larges circonstances atténuantes. En répression, elle a condamné l'accusé à 8 ans de réclusion criminelle, dont un avec sursis, et une amende de 10 millions de francs. De plus, il devra payer à la partie civile une somme de 4 milliards de francs.

Il importe de noter que le jugement sur le fond peut être définitif ou susceptible de recours en annulation. En l'espèce, l'expert-comptable et ses conseils disposent de cinq jours pour se pourvoir en cassation.

G.R.M

Libreville/Gabon

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