Éditorial : Le mal à la racine

LE président Ali Bongo Ondimba a pris lundi une décision sans précédent dans l'histoire de notre pays en prononçant la dissolution du ministère des Travaux publics et des Infrastructures, en charge de la route, désormais confiée à la Première ministre Rose-Christiane Ossouka Raponda. Cette décision inattendue tombe au moment où le premier gabonais multipliait les sorties sur le terrain, des appels d'offres sont lancés, et autres agitations touchaient ces derniers temps ce secteur prioritaire du pays.

À partir de là, on devait décrypter le message que Ali Bongo Ondimba faisait passer au gouvernement, singulièrement à ce ministère. En fait, il s'agissait d'une invite à plus de dynamisme et de concret face à l'urgence de la Route au Gabon. En un mot, à secouer le cocotier et répondre aux attentes des Gabonais qui doutent, à raison, de la réelle capacité des gouvernants à faire face à ce sempiternel problème.

En effet, il est de notoriété publique, déjà sous feu Omar Bongo Ondimba, de considérer la Route comme un vecteur de développement. À ce titre, elle devient une préoccupation majeure pour les dirigeants et les populations qui n'en finissent plus de s'impatienter. Sauf que malgré les colossaux moyens financiers débloqués pour doter le pays de voies praticables toute l'année, la mobilisation notamment du potentiel humain (ingénieurs, techniciens, administratifs, financiers, etc.), les différents hauts cadres choisis depuis des décennies, la route n'a pas beaucoup avancé.

Dans ce cas, on ne saurait comprendre que notre réseau routier soit très en deçà de ceux d'autres pays moins nantis que le nôtre. Pourquoi cette incapacité à faire mieux ? Qu'est-ce qui a manqué ? Certes, quelques progrès ont été réalisés ces dernières années en termes de routes bitumées dans plusieurs localités, mais des zones d'ombre demeurent. Certains quartiers de nos centres urbains, ou d'autres villes de l'intérieur sont enclavés. Ce qui les freine dans leur désir de développement auquel aspirent nos compatriotes dans leur entièreté. Comme si cela ne suffisait pas, le nombre de chantiers abandonnés ou tardant à être livrés à travers le pays s'est multiplié au point de s'interroger sur l'origine de ce mal profond qui freine ce secteur.

Sauf à s'y méprendre, aujourd'hui il faut oser le dire, la gouvernance de la route et son corollaire sont principalement en cause dans le retard que le Gabon accuse. Car, il est inconcevable qu'avec autant de milliards engloutis depuis des années, autant de projets, notre pays ne soit pas parvenu à disposer jusque-là d'un réseau routier à la hauteur de ses ambitions et des attentes des populations. Lesquelles ont finalement conscience depuis que la seule volonté du chef de l'État ne saurait être traduite totalement en actes tant qu'on ne neutralise pas ces groupes mafieux publics et privés intervenant dans la chaîne de réalisation des travaux et chantiers routiers.

C'est une réalité connue de tous dans plusieurs strates, même bien avant les affaires Santullo et autres. Les différents rapports et audits sur la Route au Gabon ainsi que les pratiques existantes, l'appât du gain et autres habitudes et tares ont sérieusement annihilé pleins d'efforts et douchent tous les espoirs. Comme à l'Habitat et au logement en 2011, cette mesure prise plus tôt aurait pour beaucoup été plus salvatrice pour faire bouger les choses, créer le sursaut attendu en vain dans ce secteur où, en dépit du renouvellement des élites, une véritable tare gangrène l'ensemble du corps.

C'est pourquoi à l'aune de la décision présidentielle, il est impératif de mettre hors d'état de nuire tous les autres acteurs et complices souvent haut placés qui exigent des rétrocommissions et autres avantages foulant aux pieds les règles de l'orthodoxie.

Par Lin-Joël NDEMBET

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