Centre d'appel 1404 : 24 jeunes brusquement mis au chômage

Centre d'appel 1404 : 24 jeunes brusquement mis au chômage par Guy Patrick Obiang Ndong

Tout se serait joué en 5 minutes chrono. À la 6e, ils étaient tous démis de leurs fonctions avec effet immédiat après plus deux ans de dur labeur. Désemparés, perdus, livrés à une future précarité, ils ne savent quoi faire. Quelle est donc la faute collective qui a valu à autant de jeunes gabonais de se retrouver du jour au lendemain sans emploi ?

 

Ce jeudi après-midi, de nombreux jeunes gens sont assis autour d'une énorme table de réunion au ministère des Affaires sociales sis derrière l'immeuble d’Air France. Ils rédigent des lettres. Une, de médiation, sera déposée à la Primature et une autre, de mise au point, au secrétariat du ministère de la Santé. Pourquoi des lettres et qui sont ces jeunes gens ? Ce sont les employés du centre d'appel 1404, numéro d'urgence qui reçoit les appels des personnes victimes de violences. Ils ont été tous, sans exception, démis de leur activité par le ministre de la Santé et des Affaires sociales Guy-Patrick Obiang Ndong. ''Notre sort a été scellé en moins de 5 minutes'', racontent les désormais ex-employés du 1404.

 

Il faut remonter à la nuit du 30 avril ou, plutôt, au 1er mai vers 2 heures du matin, l'agent téléconseiller, Davy Wora, reçoit un coup de fil, comme souvent, d'un cas de violence d'un témoin. ''Visiblement c'est une voisine qui assiste à une scène de violence d'un mari sur sa compagne. Je vais la prendre en charge en lui demandant si elle peut passer le téléphone à la victime elle-même pour qu'elle décrive les violences subies. Mais il est tard et cela est impossible pour la personne qui nous appelle. Je lui conseille donc de nous rappeler le lendemain pour la conduite à tenir. Mais j'omets de lui remettre le numéro de la police judiciaire avec laquelle nous collaborons pour qu'elle la contacte'', témoigne Davy lui-même. Ce qu'il ne sait pas c'est que la voisine a immédiatement fait un tweet relatant l'accueil du téléconseiller : ''À peu près 2 heures qu'un voisin tabasse sa nana… J'ai appelé le 1404, on me dit de les rappeler dans la journée et de dire à sa meuf de leur expliquer en détails ce qui se passe… S'il la tue cette nuit, elle va bien tout vous expliquer en détails.'' Que le tweet en question est déjà arrivé à la hiérarchie. Mais il va l'apprendre très vite lorsque Taty Oroumba Romina, superviseur du call center 1404, va être interpellée par ladite hiérarchie pour confirmer ou non cette plainte de cet usager. Mme Oroumba Romina va mener une enquête interne et découvrir que tout est vrai.

 

N'ayant pas compétence pour prendre une quelconque sanction contre l'agent négligent, elle va en référer à ses supérieurs sur le sort à réserver à ce fautif. Alors que tous attendent les représailles pour cet employé indélicat, les agents du call center vont tous être convoqués à une réunion le 4 mai courant au bureau du ministre Guy-Patrick Obiang Ndong. ''Nous ne connaissions pas l'objet de la rencontre. Mais avons remarqué qu'en dehors des téléconseillers, il y avait, présent à la réunion, le responsable de Vocal centre qui loue l'espace au 1404''.

 

Aussitôt installé, le ministre n'a donné à personne la parole pour s'expliquer. ''Nous avons été traités d'incompétents après deux ans de dur labeur pourtant apprécié jusque-là, et même de jouer avec le travail. Il a aussitôt annoncé que dès demain (le 5 mai, Ndlr) Vocal centre prendra la gestion du 1404 en demandant séance tenante d'apprêter un contrat dans ce sens. Quant à nous, il nous a dit que nous étions démis de nos fonctions avec effet immédiat'', relatent les jeunes gens encore sous le choc. Une réunion qui a duré, selon les téléconseillers, moins de 5 minutes, suffisants pour décider de leur futur… sans aucun préavis.

 

Et si certains d'entre eux ont cru à un moment de colère passager du ministre de tutelle, mal leur en a pris le lendemain lorsqu'ils ont voulu repartir sur les lieux de leur travail. ''On avait déjà été remplacé.'' D'où les démarches de lettres dont on vous a parlé en début de texte.

 

N'est-ce pas trop facile tout de même cette façon cavalière de priver des Gabonais de leur pain quotidien, même s'ils sont sans contrat ? Si donc le but était de ne pas les garder longtemps, pourquoi les avoir recrutés alors que Vocal centre avec qui est signé aujourd'hui le contrat de prestation de ce service existait déjà ?

 

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

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