Esther Miracle: la passagère 4772 témoigne

Esther Miracle: la passagère 4772 témoigne

Mlle Dile Marie-Justine Moussouami Mboumba, rescapée du naufrage du ''Esther Miracle'', rencontrée au hasard des circonstances, a ouvert son cœur et livré, dans nos colonnes, un témoignage poignant sur les circonstances de cette tragédie dont elle porte encore les séquelles. Courageuse et pieuse, elle a avec ses mots, sa tristesse et ses larmes, relaté ce qu'elle a vécu lors de cette nuit cauchemardesque.

 

LE naufrage du «Esther Miracle» n'a pas fini de révéler les contours et témoignages de ce qui s'est passé cette nuit au large de Libreville entre la Pointe-Denis et l'île Nyoniè. Parmi les rescapés, Mlle Dile Marie-Justine Mboumba, 37 ans, mère de deux enfants, a accepté de faire ce témoignage. Lecture. " JE suis Mlle Dile Marie-Justine Moussouami Mboumba, l'une des naufragés du ''Esther Miracle'' de la compagnie Royal Cost. J'ai payé le billet numéro 4772 le mardi 07 mars. Le lendemain, l'heure de la convocation était à 16h , l'embarquement à18h. Comme indiqué, je me suis rendue au Port-Môle où nous avons, avec les autres passagers, attendu avant d'enregistrer nos bagages. Je n'avais qu'une glacière que j'ai pu enregistrer. Après toutes les vérifications du service des douanes, en rang, nous avons embarqué à 18h, en présentant nos billets et pièces d'identité. A bord, après deux heures d'attente, à 20h00, le bateau a quitté le Port-Môle. Aux environs de 21h ou 22h00, j'ai pris mon pagne parce j'avais sommeil. j'ai fait ma prière. Mais vu que le bateau bougeait beaucoup, je n'ai pas pu dormir parce que prise de peur.

 

"Les agents de sécurité appelaient leurs collègues militaire"

 

Presque tous les passagers exprimaient la même inquiétude. C'est donc à 23h qu'un gendarme est venu nous avertir des problèmes auxquels le ''Esther Miracle'' faisait face. Donnant l'impression qu'il était surchargé. Assise, j'ai eu soif. Mais, j'ai constaté que les hôtesses n'étaient plus au niveau des rayons A mes côtés, j'avais un frère de voyage qui a constaté que les moteurs étaient arrêtés. Tout de suite, il s'est proposé d'aller voir ce qui se passait . Trente minutes plus tard, il est revenu me dire que le bateau prenait de l'eau que tentait de vider le personnel. Je lui ai demandé d'arrêter de blaguer.Très sérieux, il me répond qu'il ne blaguait pas. Vers minuit, alors que l'inquiétude gagne tout le monde, nous avons tous constaté que le bateau avait fait demi-tour vers son point d'ancrage. Je n'ai pas su à quel moment la manœuvre avait été effectuée. Tout ce temps, il n'avait pas cessé de bouger. A 1h00 du matin, le même gendarme est revenu nous demander de ne pas paniquer. Nous indiquant que l'équipage tentait de gagner la Pointe-Denis. Au même moment, l'alerte a été lancée par le commandant de bord qui a tiré deux fois les fumigènes. Pris de panique, certains passagers commençaient à appeler les familles. De leur côté, les agents de sécurité appelaient leurs collègues militaires. Vers 2h00, le gendarme a demandé à tout le monde de porter les gilets. Même si nous n'avons pas eu des instructions au moment d'embarquer, j'ai su porter le mien.

 

"Là, j'ai vu un couple d'un certain âge. Une vieille dame aveugle et son époux. Ne pouvant l'abandonner, ils se sont entrelacés pendant que l'eau envahissait le bateau"

 

 

En pleine panique, une personne nous a crié d'aller à l'opposé de là où penchait le bateau. Dans la foulée, nous avons ressenti les mouvements des conteneurs. C'est à cet instant que j'ai vu l'eau casser la vitre. Là, j'ai vu un couple d'un certain âge. Une vieille dame aveugle et son époux. Ne pouvant l'abandonner, ils se sont entrelacés pendant que l'eau envahissait le bateau. J'ai pu me frayer un passage pour sortir de là. C'était chacun pour soi. Remontée sur ce qui restait du pont renversé, il y avait une équipe académique de football et un vieil homme à qui j'ai demandé le téléphone pour appeler mon compagnon. J'ai demandé à ce dernier de réveiller mes deux enfants et de prier parce que le bateau était en train de chavirer. Puis, j'ai suivi l'équipe des footballeurs. Me retrouvant sur l'un des bateaux gonflables après plusieurs difficultés qui auraient pu me coûter la vie. J'ai eu une forte pensée pour mes enfants et ma famille qui m'ont donné la force de nager et d'y croire et de parvenir sur ledit bateau grâce à l'aide de l'un des footballeurs. Malgré tout, nous avons tous gardé la foi en priant. A 4h du matin toujours en mer, les prières se sont intensifiées malgré le froid glacial. Nous prions pour qu'il ne pleuve pas. Dans la détresse, nous avions la forte impression que le temps passait très vite. Et vers 6h00, on a aperçu un bateau de pétroliers qui est venu vers nous.

 

"Il y avait une dame, sans force, qui n'a pu monter"

 

Vers 7h00, il a pu tourner parce qu’il ne pouvait pas venir droit sur nous. Avec la pression, il a ralenti il a atteint notre hauteur. Ils ont lancé des cordes pour nous secourir. Epuisée, comme tout le monde, j'ai dû m'agripper aux roues pour monter à bord. Il y avait une dame, sans force, qui n'a pu monter. Elle est morte juste après. Le commandant du bateau et son équipage nous ont bien accueillis. Fatiguée et exténuée, en plus d'avoir un corps endolori, je me suis dit que ma colonne vertebrale a été touchée. Grâce aux premiers soins reçus de l'équipage, j'ai pu supporter la douleur. Ils m'ont administré des antibiotiques, et je suis restée allongée jusqu'au Port-Môle où j'ai été prise en charge par les services de la santé militaire. J'étais allongée et je faisais tout surplace. Je rends grâce à Dieu. Je lance un appel à l'État gabonais pour qu'il revoit certaines choses concernant les transports, que ce soit maritime, routier, et ferroviaire. Je demande aux autorités du pays de soutenir les familles endeuillées et les rescapés de cette tragédie. "

 

Jonas OSSOMBEY

Libreville/Gabon

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