Afrique du Sud / Procès : Pistorius échappe au verdict de meurtre

Il a remporté une première manche hier, blanchi de l'accusation de meurtre par sa juge, une décision inattendue et déjà contestée, qui a laissé le champion paralympique sud-africain en sanglots dans le box des accusés.

OSCAR Pistorius était accusé d'avoir intentionnellement tué sa petite amie en février 2013 après une dispute et risquait la perpétuité.

Il saura ce vendredi si la juge Thokozile Masipa, imperturbable malgré les critiques et l'extraordinaire pression médiatique dans ce procès retransmis de bout en bout à la télévision, retient sa culpabilité pour homicide involontaire.

L'homicide involontaire c'est-à-dire par maladresse, imprudence ou négligence, est passible de la prison, éventuellement avec sursis.

L'importance de la peine dépend de l'appréciation du juge qui n'en dira de toute façon rien avant trois ou quatre semaines, conformément à la procédure pénale sud-africaine qui prévoit un autre mini-procès avant la sentence.

« Le parquet n'est clairement pas parvenu à prouver au-delà d'un doute raisonnable que l'accusé était coupable de meurtre prémédité », a expliqué hier la juge.

« Pris dans leur ensemble, les éléments de preuve ne permettent pas d'établir que l'accusé avait l'intention de tuer la victime, encore moins avec préméditation », a-t-elle ajouté.

Oscar Pistorius jure depuis le début qu'il a cru être attaqué par un cambrioleur, à l'instar de l'ancien Springbok Rudi Visagie qui avait tué sa propre fille en 2004 en la prenant pour un voleur de voiture.

« Je suis d'avis que l'accusé a agi trop vite et fait un usage excessif de la force », a cependant estimé la juge. « En la circonstance, il a fait preuve de négligence ».

L'athlète, selon la juge, aurait mieux fait de se précipiter sur son balcon ou de téléphoner à la sécurité de sa résidence pour demander de l'aide que de prendre son 9 mm et d'aller tirer sur la porte des toilettes où, jure-t-il, il avait entendu un bruit suspect.

« Il y avait d'autres moyens de réagir à ce qu'il percevait être une menace pour sa vie », a-t-elle déclaré.

Avant même que la juge Masipa ne termine la lecture de ses attendus, les critiques ont fusé.

« Je suis choqué », a déclaré à l'AFP le pénaliste Martin Hood. « Ca pourrait vraiment ouvrir la porte à des abus systématiques de notre système judiciaire par des gens qui abattraient leur conjoint et plaideraient la légitime défense ».

James Grant, professeur de droit pénal à l'université Wits de Johannesburg, a souligné que le parquet pourrait faire appel s'il estime que la juge a fait une erreur de droit.

DES PARENTS RESTÉS DE MARBRE * Mme Masipa a expliqué pourquoi elle était obligée de laisser le bénéfice du doute au sportif de 27 ans.

Dans le système sud-africain, la charge de la preuve appartient exclusivement à l'accusation. Et même si la juge a trouvé Pistorius « évasif » à la barre et soucieux de se défendre plus que de répondre, elle a souligné que cela n'en faisait pas un coupable pour autant.

Faute de preuves matérielles plus consistantes, elle a affirmé qu'il serait « déraisonnable » de s'appuyer sur les témoignages de voisins réveillés dans la nuit par des cris et des coups de feu mais n'ayant rien vu.

Elle n'a pas contesté leur honnêteté mais jugé qu'ils étaient faillibles comme tout être humain et que leurs souvenirs étaient brouillés par l'intense battage médiatique autour du procès.

Figé tel une statue dans le box des accusés, l'athlète handicapé, éreinté par la tension et l'attente, a éclaté en sanglots quand la juge a annoncé qu'elle excluait la préméditation.

Sa sœur Aimée, qui arbore depuis le début du procès un air de madone douloureuse, a jailli du premier rang des bancs réservés au public pour enlacer son frère, avant de s'asseoir sur ses genoux après l'audience.

Les parents de la victime sont, eux, restés de marbre. « Ce n'est pas encore fini, on continue d'écouter », a commenté sa tante Lois.

L'accusé et sa victime Reeva Steenkamp se fréquentaient depuis trois mois au moment du drame. Ils avaient été présentés l'un à l'autre lors d'un show automobile de luxe, de ceux qu'affectionne la jet-set de Johannesburg.

Oscar Pistorius a été un motif de gloire nationale pendant des années en Afrique du Sud, alliant le glamour d'un sourire de play-boy à une irrésistible réussite sportive perçue comme une revanche pour un jeune homme que ses parents, lorsqu'il avait 11 mois, ont dû faire amputer des pieds et équiper de prothèses.

Il avait atteint la célébrité mondiale aux Jeux Olympiques de Londres de 2012, en s'alignant au côté des coureurs valides.


AFP


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